L'histoire :
Le 13 octobre 1943, à Sobibor, Moïse et Klara s'embrassent avant que le camp ne soit le théâtre d’un projet d’évasion risqué. À 16 heures, les prisonniers du camp se préparent à fuir. Ils doivent se comporter de manière ordinaire, comme si rien ne se passait, afin de ne pas éveiller les soupçons des gardes. L’évasion doit débuter à 16h et permettre à chacun de rejoindre les bois avant que la nuit ne tombe, offrant ainsi un peu d’obscurité pour échapper à la traque des SS. Mais un imprévu survient : le sergent Frenzel, qui se vante de ses talents de barbier, a rameuté une centaine de SS du camp voisin d'Osow, histoire de venir se faire raser. Ce retard pourrait mettre en péril l’évasion... Parallèlement, de l’autre côté du monde, en juillet 1943, Stephan Günther arrive à Los Angeles. Il est accueilli par Silas Cornell, l’assistant personnel de Mr Rubin, pour participer à un projet cinématographique ambitieux. Le film en question s’intéresse à un événement récent, la bataille d’El Alaïmen, qui s’est déroulée en novembre 1942 entre les troupes anglaises et allemandes dans le désert égyptien. Les décors sont reconstitués dans le désert du Mojave pour filmer la scène, bien que l’authenticité de l’endroit soit loin de l’Égypte. Le film est censé offrir une reconstitution réaliste de cette bataille, marquant ainsi un tournant dans l’Histoire du cinéma de guerre. Gunther participe aux premières scènes de cette reconstitution, tandis qu’à Sobibor, les prisonniers se battent pour leur survie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La série Les Frères Rubinstein continue de captiver avec ce 6ème tome, en explorant la brutalité de l’histoire et les réalités parallèles des deux protagonistes. Ce qui frappe immédiatement, c’est la manière dont Luc Brunschwig parvient à croiser deux temporalités distinctes, une en Allemagne, marquée par l’horreur de la Shoah, et l’autre aux États-Unis, où le cinéma et la fiction se déploient. En parallèle de l’atrocité nazie, on découvre la construction d’un film de guerre à Hollywood, un contraste saisissant entre les violences de la guerre et la production de divertissement. Cette dualité fait toute la richesse de l’album, chaque récit nourrissant l’autre de manière subtile. Les destinées des deux frères se télescopent, sans jamais perdre de leur intensité, créant une dynamique qui maintient l’attention. Le dessin d’Étienne Leroux, renforcé par Loïc Chevallier (traits) et Elvire de Cock (couleurs), reste fidèle à son style réaliste. Il saisit brillamment les contrastes entre les conditions de vie misérables des Juifs dans les camps, la violence gratuite des nazis, l'épisode des évadés de Sobibor et l’opulence des studios hollywoodiens. Ce tome riche en émotions et en visuels percutants met en lumière tout le talent de Leroux et la force narrative d’une série incontournable. Vivement le chapitre final !