L'histoire :
Dans un avenir extrêmement proche de notre présent, une guerre oppose la Russie à une coalition de pays de l’OTAN. Les combats se mènent à l’artillerie lourde traditionnelle et se déroulent dans la zone frontière entre l’Ukraine, la Biélorussie et la Russie. A l’issue d’un bombardement, deux soldats russes se font passer pour morts dans un trou d’obus, aux yeux d’un marines américain. Puis ils s’échappent de ce terrain ravagé en dérobant un véhicule à l’armée ennemie. Ils regagnent alors tranquillement Moscou pour participer à une réunion de crise sur leur défaite et la prochaine tactique à employer pour reprendre l’avantage. Au sein d’un bunker sécurisé, les débats y sont menés par le général Levchentko, dont le fils Micha est devenu cosmonaute. Ce dernier est d’ailleurs le seul humain encore à bord de la station spatiale Vechnyy Buran, la plus vaste jamais construite, actuellement en mission exploratoire en orbite de Mercure, la planète la plus proche du soleil. De là où il est, Micha suit par intermittence et un délai de 5h les (mauvaises) nouvelles de la guerre en Russie. Dans le QG, le cœur de la problématique est la transmission des communications et les moyens de les brouiller. C’est sur ce terrain que se gagnera – ou se perdra – cette guerre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce Futur de Liu Cixin est assurément plus proche de l’anticipation géopolitique présente que de la science-fiction dont s’est rendu maître le prolifique écrivain chinois. Jugez-en par le contexte : une guerre à l’artillerie lourde se déroule entre l’OTAN et la Russie, sur le front de Smolensk. Soit une région frontière similaire à celle qui accueille actuellement le conflit entre la Russie et l’Ukraine (soutenue par l’OTAN). Dans ce demain martial plus-que-probable, tous les belligérants sont convaincus que le biais décisif se joue sur les communications. Le titre, « Brouillage intégral » est très explicite sur la tactique qui sera nerf de la guerre. Mais alors : ce Futur serait-il détaché de la science-fiction et uniquement militaire ? Pas tout à fait, car il est aussi question d’une grosse station spatiale expérimentale qui se trouve en orbite pas très loin du soleil. Sans chercher à spoiler, les férus d’astrophysique auront déduit la teneur du climax sur cet album en one-shot. Pour autant, 106 pages – 110 en comptant les 2 triptyques de coutume dans cette collection – pour en arriver à une « arme » nouvelle somme toute prévisible (Barjavel en avait fait une catastrophe apocalyptique dans Ravages), c’est un peu laborieux. Le scénariste adaptateur Marko Stojanovic aurait pu épargner au dessinateur bien des scènes de palabres. Maza s’éclate plus volontiers sur les scènes de combats mettant en scène des engins de destruction massive. On retient surtout de cet épisode la dimension militaire et l’extrême proximité avec notre actualité brûlante.