L'histoire :
Un jour, le grand savant Jin Ke est envoyé en tant qu’émissaire du roi de Yan, en compagnie d’un valet, pour une visite diplomatique auprès de son voisin, le puissant roi de Qin, Ying Zheng. Jin Ke est reçu au palais de Xianyang, gardé par des soldats extrêmement nombreux et disciplinés. La réputation de cette armée impose le respect : elle est composée de plus de 3 millions d’hommes ! Or au moment de l’offrande, un rouleau de soie représentant une cartographie est déroulé et… il cache un poignard. Le valet s’en empare d'un mouvement vif et tente de tuer Ying Zheng. Il est aussitôt neutralisé d’un carreau d’arbalète en pleine main par un garde du roi. Jin Ke et son valet sont arrêtés et condamnés à une décapitation immédiate. Mais Jin Ke s’insurge : il a fait exprès de tourner le poignard du mauvais côté, afin de saboter cette tentative d’assassinat. Il poursuit sa défense en affirmant que s’il voulait préserver la vie du roi, c’était parce qu’il a un grand projet scientifique à lui proposer. La découverte secrète qu’il a faite réclame la mise à contribution de sa grande armée pour passer de la théorie à la pratique. Et Jin Ke affirme que ce secret scientifique va bouleverser la vie sur Terre et asseoir à tout jamais la réputation de Ying Zheng. Le roi est dubitatif. La réputation de Jin Ke est tout de même grande. Sa théorie séduisante. Ying Zheng va ainsi tout de même accepter de participer à ce projet. Mais d’abord, il s’agit de partir en guerre contre ce félon roi de Yan…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est une première curiosité dans cette série consacrée aux adaptations indépendantes en BD des romans de science-fiction de Liu Cixin. En effet, pour la première fois, un « Futur » de Liu Cixin se déroule dans le passé. A la manœuvre en auteur complet, Xavier Besse renoue avec son penchant pour la culture asiatique. La problématique de ce récit se déroule dans un puissant royaume chinois, à une époque globalement médiévale, durant laquelle les territoires de l’Empire du Milieu guerroyaient les uns contre les autres. Un savant propose à un roi d’utiliser sa puissante et disciplinée armée en tant qu’outil, afin de calculer, par de majestueux mouvements de terrain, jusqu’à 100 000 décimales du nombre Pi, à la recherche du cercle parfait. A partir du postulat de cette trouvaille, il affirme que se trouve le secret de la vie éternelle. L’ambition est, au fond, évidemment fumeuse, mais Besse adapte. Dans sa mise en scène, l’auteur alterne ainsi les palabres de personnages en tenues d’époque (amples robes, postures martiales, guerriers harnachés d’après une sérieuse documentation…) et les vastes mouvements de troupes dans les plaines (à partir de minis soldats dupliqués et démultipliés numériquement). Selon le concept de la collection, un panorama central se déplie en triptyque pour montrer l’étendue de ce projet humain démentiel. Là où le « futur » apparait, c’est lorsqu’on comprend qu’il s’agit ni plus ni moins d’une première approche du calcul numérique, qui sera ensuite concrétisé mécaniquement par Pascal avec sa machine à calculer, puis par Alan Turing lorsqu’il posa les bases du premier ordinateur et de l’informatique. Le récit se laisse découvrir avec curiosité, même s’il cède à une supercherie : les mouvements de troupes vont jusqu’à « dessiner » sur le terrain les circonvolutions organisées d'un circuit intégré d’une carte-mère d’ordinateur. Une théorie décidément bien fumeuse. Mais déjà, donc, les « objets » informatiques étaient fabriqués en Chine…