L'histoire :
En 2046, un programme de désarmement des puissances nucléaires mondiales aboutit de manière fortuite à la découverte d’un matériau d’une résistance extrême à la chaleur et aux hautes pressions. Sur le chantier de Mohe (Nord de la Chine), on met ainsi en branle un projet pharaonique de tunnel destiné à transpercer la Terre de part en part. Le gain de temps pour voyager, par exemple, jusque l’Argentine sera alors prodigieux ! Ce projet est baptisé « jardin Antarctique ». Sous la supervision de l’ingénieur en chef Shen, des cylindres sont progressivement découpés et enfoncés dans le sol, section par section, et le minerai remonté à la surface. La fille de Shen explore quand à elle les couches de fer-nickel liquide à hautes températures situées dans le noyau terrestre, à bord d’un vaisseau construit dans ce matériau supradense. Hélas, un inattendu et violent courant entraîne le vaisseau dans le noyau et détruit son moteur… La fille de Shen ne reviendra jamais. En 2100, Shen est toujours le chef de ce chantier monumental, qui arrive enfin à son terme. Ce jour, doit être effectué le premier lancement d’une capsule à travers le tunnel…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La circonférence de notre planète Terre est de 40 000 km. Ce qui, du point de vue cino-centré du romancier Liu Cixin, éloigne la Chine de l’Argentine d’environ 20 000 km… si l’on voyage à la surface de la Terre. Car si on emprunte un tunnel qui transperce la Terre de part en part, en passant par le noyau de la Terre – soit le concept de SF creusé, au sens premier du terme, par cet album – on réduit la distance à 12 700 km ! Entre deux points, il n’y a pas plus court chemin qu’une ligne droite. Bon, ok, ok, cela n’est possible que si on résout la problématique de la haute pression (x 10) et des températures extrêmes (4000° C), ce que propose sans scrupule le pitch de départ de la nouvelle de Cixin, ici adaptée en BD par un autre chinois, Wu Qingsong. L’idée première est originale et prend le contrepied de la traditionnelle aventure de SF qui cherche en général à envoyer l’homme dans l’espace : ici, il explore l’autre sens, vers le centre de la Terre. La narration de Qingsong sort des canons de la BD franco-belge et suit un séquençage un brin confus. On s’y perd dans les différentes époques, entre les personnages, leurs liens de famille, les solutions technologiques et les actes criminels des protagonistes. Cela n’empêche cependant pas le lecteur de se confronter à des concepts telluriques et astrophysiques très excitants. Alors, à votre avis, quand on saute en chute libre dans le tunnel qui traverse la Terre, jusqu’à où accélère t-on ?