L'histoire :
Alors qu’elle n’est qu’un poupon, Yuan fait souvent des colères. Il faut dire qu’il est très inconfortable de vivre dans une ville nouvelle implantée dans une plaine aride, après le réchauffement climatique. La chaleur y est suffocante, il n’a pas plu depuis plus d’un an. Une seule chose semble apaiser ses gros chagrins : les bulles de savon. A 6 ans, Yuan ne se déplace jamais sans son tube pour faire des bulles. Ce jour-là, elle en fait sur le tarmac de l’aérodrome où elle rend visite à sa maman, avec son papa. Car sa mère scientifique s’apprête à expérimenter une nouvelle technique pour re-fertiliser la plaine : elle va larguer des centaines de « bombes » de glaces, contenant une graine. Arrivées en bas dans la terre sablonneuse, la glace fondra en eau et fertilisera individuellement les graines, qui germeront et donneront une plaine verdoyante. Yuan aimerait que sa mère l’emmène dans l’avion… mais sa mère refuse : elle devrait compenser le poids de sa fille par le retrait de plusieurs sacs de bombinettes. En décevant sa fille, la mère lui sauve la vie. Car ce jour-là, son avion s’écrase. Yuan est orpheline. Et le pire, c’est qu’à terme, l’expérience de replantation est un fiasco. Une saison chaude plus tard et toutes les petites pousses fertilisées s’assèchent et meurent.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir fait migrer la planète Terre vers Proxima du Centaure (dans La terre vagabonde), le romancier chinois de science-fiction Liu Cixin revient à une problématique plus proche de nos préoccupations actuelles, dans cette seconde adaptation d’un de ses romans. En effet, le contexte est cette fois quasiment celui de notre présent : le réchauffement climatique provoque des sécheresses qui obligent les hommes à abandonner une ville géante. La part d’anticipation se situe dans la capacité d’innovation d’une jeune chinoise, qui invente un système d’irrigation à l’aide de bulles de savon. Tout con ? Improbable ? L’avenir seul le dira (peut-être). Impeccablement rythmée, ce second tome est cependant aussi nettement moins riche en termes de concepts inventifs de SF que le tome 1. La narration séquentielle de Valérie Mangin se traduit en plusieurs tranches de vie de la fillette, séparées par des ellipses, façon biographie d’une inventrice fictive. On la découvre bébé, fillette, ado, jeune femme, puis scientifique éprouvée. A chaque âge, elle est totalement gaga d’un phénomène aussi superficiel qu’une bulle de savon. Outre les développements de son innovation, ce one-shot insiste sur la capacité d’insouciance de Yuan. Comment peut-elle donc chercher en permanence à s’amuser en période de désastre écologique, et parvenir contre attente par ce biais à trouver une solution !? En somme, une sorte de message de fond en contre-pied au discours global actuel se détache : faut-il nécessairement céder au pessimisme ou à l’alarmisme pour œuvrer en faveur de l’environnement ? Flipper ne sert à rien si on ne fait rien. Le dessin de Steven Dupré est – comme toujours – un modèle de rigueur, de cadrage et de découpage. A signaler, comme ce fut le cas au sein du premier one-shot, une planche méga-ultra panoramique se décline en un feuillet à déplier. Il semble que la série soit amenée à systématiser ce principe.