L'histoire :
Marie a décidé de partir en vacances en Corse avec son amie de toujours, Louise. Elles vont alors combiner plaisir et travail, en s'engageant en tant que monitrices de colonie de vacances. La seule condition pour pouvoir obtenir ces postes, est de savoir nager... De savoir même très très bien nager. Le hic, c'est qu'aucune des deux n'est à l'aise avec la nage... Alors elles vont apprendre par leurs propres moyens ! Et lorsqu'elles rencontrent le directeur, elles tirent à la courte paille pour décider laquelle devra aller lui faire du charme, pour être sûre de décrocher le ticket ver la Corse ! Par chance, ce n'est pas Marie qui devra effectuer cette corvée. Toutes les deux sont très différentes : l'une rêve de fonder une grande famille et de trouver un mari, tandis que la seconde rêve d'indépendance. Elles n'ont pas le même niveau d'études, et n'ont pas les mêmes métiers : Louise travaille comme ouvrière à l'usine, Marie comme institutrice. Elles se font le serment, avant de terminer ces vacances d'été et de retourner à leur routine quotidienne, de toujours rester en contact. Pourtant, le temps va passer et la distance va naturellement se créer, même si elles réussiront à trouver quelques centres d'intérêts communs. Elles vont vieillir aussi... Et au début de l'automne, Marie va consulter un médecin, qui va lui diagnostiquer un cancer. Débutera alors pour elle un véritable combat contre la montre et contre la maladie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Marie a vécu sa vie comme elle le souhaitait : elle a exercé un métier qui lui plaisait, elle a réussi à conserver son indépendance à laquelle elle tenait tant, elle a pu vivre pleinement. Lorsque l'on va lui diagnostiquer une maladie grave, elle va se sentir quelque peu démunie... Mais elle sera accompagnée et épaulée jusqu'au bout par son médecin. Là est véritablement le cœur du sujet de cette bande dessinée : la vie anodine et remarquable de cette femme, mais surtout le soutien indéfectible de son médecin dans cette épreuve. Charles Masson sait de quoi il parle : il est médecin, et c'est sa propre expérience professionnelle qu'il nous raconte ici, cette rencontre avec cette patiente qui l'a beaucoup marqué. Marie se différenciait par sa force de caractère, son envie de solitude et cette incroyable envie de vivre, en prenant appui sur les saisons comme repère sur le temps qui lui restait à vivre. La colorisation des illustrations fait prédominer une couleur par saison, par tranche de vie : elles évolueront en même temps que le personnage. En étant attentif à sa patiente, à chacune des étapes de son traitement, il a pu apprendre à connaître cette femme, sa vie, son passé. Et l'on comprend au fil des pages la nécessité d'être là, en tant que médecin, pour ces patients, d'aller au-delà du soin pour être un appui psychologique, pour lutter contre la maladie. L'auteur a réussi à faire passer l'émotion, cette bienveillance médicale, toujours au service des personnes, dont l'unique but est de les soigner, de réussir à les faire repartir du bon pied. Une histoire touchante, où les personnages finiront par se croiser et s'entremêler, pour nous dresser un beau portrait de cette femme, Marie. Le scénario interroge sur la détresse que peuvent ressentir les malades, et le positionnement du corps médical face à celle-ci. Ce récit de vie, ce retour d'expérience, est présenté comme un premier tome. Nous pouvons donc supposer que des tomes suivants seront consacrés à d'autres patients, d'autres « Gens de rien ».