L'histoire :
La tête lourde, encore semi-évanouie, Jadina entend une voix qui l’appelle. Est-ce Danaël ? Non, pour son plus grand déplaisir, il ne s’agit « que » de son ex-fiancé Halan. Et d’une gauche meurtrière, elle expédie le malheureux à l’autre bout de la pièce. Justement, où est-elle ? La pénombre n’aide pas. Sur son épaule se pose une main, par chance cette fois, c’est celle du jovial et costaud Razzia : elle n’est au moins pas seule. Jadina, Razzia, Halan, le capitaine Ceydeirom est là aussi, là devant la porte Temporhell qui les précipita dans leur passé. Car alors qu’ils pourraient croire être revenu à leur point de départ, l’absence de détérioration du monument atteste bien de leur saut chronologique. Mais alors, si ils sont revenu le jour où Danaël rencontra Jadina, le château n’était-il point habité ? Dans l’ombre de Razzia, une silhouette ténébreuse se profile, celle du sorcier Darkhell… Ailleurs, dans une forêt luxuriante, Gryf, Shimy et Danaël ont rencontré le moi adulte de ce dernier. C’est l’épée magique qui, attirée par le sang de son maître, les y conduisit. Vêtu de son armure, le chevalier des Faucons a vu les 3 enfants tombés du ciel !? Mais l’heure n’est pas aux explications, l’alerte est déjà donnée : le camp de la princesse Jadina est attaqué par les Darkhellions…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les sauts chronologiques (en tout sens) payent toujours ! Après avoir traversés la porte Temporhell, voici nos héros retournés des années en arrière, le jour de la première rencontre de 2 des Légendaires : Jadina et Danaël. Et pour, bien sûr, pimenter la situation, le chevalier et Faucon tombe nez à nez avec son moi adulte : flamboyant mais suffisant et prétentieux. Quel regard porte-t-on sur soi-même ? Souvent, on pense que les autres racontent des carabistouilles. Pourtant Danaël le jeune doit le reconnaître : qu’il est parfois lourd ! Par ailleurs, la surprise du paradoxe temporel ne s’arrête pas là. L’astuce scénaristique (outre qu’elle permet de contempler la plastique irréprochable de Jadina) offre tout loisir à Patrick Sobral de jouer à fond le registre de l’émotion. De toutes les façons, l’habile pirouette finale (une amnésie salvatrice) remettra les compteurs à zéro, alors autant y aller à fond ! A l’instar du manga Saint Seya (dont il imite la dramatique et le visuel), l’auteur pousse ses héros à se battre jusqu’à l’ultime extrémité, jusqu’à la mort, pour sauver leur princesse. Celle-ci liée à son premier défenseur par un sentiment éternel s’éveille au 7e sens, révèle ses réels pouvoirs en somme : le clou du spectacle, électrique ! L’aventure terminée, un pitch nous annonce que très bientôt les Légendaires auront à conjurer l’accident de Jovénia : point de répit pour les héros, ça promet ! Refermant ce diptyque, le lecteur y a pris beaucoup de plaisir, apprit énormément, sans que l’intrigue future en pâtisse. Parfaitement orchestré, propre, clair et réjouissant, Main du futur est sans doute l’album le plus abouti d’une série désormais lancée sur les chapeaux de roues !
