L'histoire :
Isabeau continue la transcription de son récit à Klervi. La situation devenait compliquée en Louisiane et du coup, Quentin et elle sont partis pour aller en Angleterre. Quentin est passionné de politique et ce qu’il y découvre le fascine. Mais Zabo ne s’intéresse pas et elle n’aime pas l’Angleterre. Elle décide donc de partir à Paris et ils dorment chez Félix Nadar. Ils finissent par s’installer à la Chaussée des Martyrs où Quentin pose son studio. Ils se marient à ce moment. En 1869, le frère d’Isabeau, Nano, se blesse un bras et rencontre Maze qui le soigne. Ce dernier est le fils d’une famille de marins et Nano rêve de prendre le large. Il finit par embarquer et vit plusieurs aventures en mer. Pendant ce temps, Zabo et Quentin mènent une vie paisible... mais pas pour longtemps ! La guerre éclate en France, alors qu’ils avaient fui celle de l’Amérique ! La Prusse gagne de nombreux combats à l’Est et pendant ce temps, la France est aux abois et craint la révolte du peuple. Les députés proclament alors la République et votent la déchéance de Napoleon III, ce qui marque la fin de l’Empire. Tant d’événements qui ont marqué leur vie... Mais l’Histoire est loin d’être finie, car sans le savoir, ils vont être victimes d’événements bien plus sombres encore.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le temps a passé et de l’eau a coulé sous les ponts des Passagers du vent. C’est donc avec surprise que François Bourgeon revient avec sa série phare en 2018. Quatre ans plus tard, soit aujourd'hui, il conclut le diptyque qui décrit de nouveaux personnages dans des temps plus récents. Avec une minutie extrême, il raconte l’histoire de France de 1866 à 1880, avec les invasions prussiennes et le régime de Thiers, puis les événements de la Commune et la période coloniale. Par le truchement d’Isabeau qui raconte son terrible passé, on accède à une réalité sinistre de notre pays, à un bilan dur et amer. Tant et si bien qu’on se croirait presque dans une bande dessinée de Tardi, avec son lot de revendications à peine voilées. Le travail historique est impressionnant, quasi encyclopédique. On en oublierait presque l’histoire principale. Et c’est bien le souci de cet album qui multiplie les looooongs dialogues (avec des annexes qui expliquent le dialecte breton), mais qui laisse de côté l’aventure, loin, bien loin de ses œuvres d’antan. Le rythme est donc très lent, à la limite de l’ascétisme. Il faut toutefois reconnaître que Bourgeon n’a pas son pareil pour décrire et dessiner des personnages forts, complexes et attachants. La femme est toujours à l’honneur dans ses œuvres et les portraits de Zabo et de Klervi bouleversent. D’autant que le final constitue une belle surprise. Seul problème néanmoins : on sent parfois trop la voix de l’auteur derrière ses personnages. Bourgeon a voulu trop en faire dans la restitution historique et plusieurs passages sont peu crédibles, tant les protagonistes ont un recul douteux sur leur époque et en connaissent tout dans le moindre détail. On retrouvera toutefois avec nostalgie quelques grandes pages sublimes de bateau voguant au large de l’immense océan…
