L'histoire :
En se promenant avec sa femme, Lewis remarque une jeune fille de 14 ans en sweet-shirt et juste un collant dessous. Interloqué, il se demande s’il est devenu un vieux con. Quand une autre jeune fille fait remarquer à son copain « Non mais tu l’as vue, elle ? Je rêve…? » « Ah je préfère » s’apaise-t-il.
Travaillant sur l’histoire d’un gars qui va chez le boucher en Iraq, il demande à Brigitte si c’est pareil qu’en France. Elle répond que non, avec les animaux dépecés qui pendent et le fait qu’il faille acheter des pièces entières, c’est assez différent. Pour se rendre compte en image, Lewis fait une recherche sur internet et tape « boucherie, Iraq ». En voyant le résultat, il se dit qu’il devrait y avoir une option « sens littéral » sur Google…
En se penchant pour regarder la tranchée en travaux dans la rue, Lewis se dit qu’il aime bien faire ça. Et il ne sait pourtant pas pourquoi.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lewis Trondheim prend de l’âge, comme tout le monde. Et comme certains, il ne réalise que partiellement que c’est une réalité. « Le monde est un bon moyen de se voir soi-même » pourrait être la morale du huitième épisode de ses Petits riens intitulé cette fois Tout est à sa place dans ce chaos exponentiel. Accroche pleine de sagesse, à l’image de l’auteur qui a fait le choix de partager sa vie en extraits dessinés. A la manière d’un photographe, il sait comment mettre en scène ces moments simples de l’existence, un exercice qu’il pratique avec un humour subtil et une autodérision quant à la condition humaine. Dans son format 15x20 broché, cet album qui parle du temps qui passe recèle une fraîcheur qui tient en un ensemble très équilibré. Les aquarelles montrent tout le talent d’un l’artiste qui va à l’essentiel, par le truchement du sens du détail, ou du silence. A la fois humble et discret, comme le pragmatisme bouddhiste du titre, ce nouvel épisode autobiographique porte en lui plus de force qu’il n’y parait. Yoda n’a qu’à bien se tenir !