L'histoire :
Mariée une première fois au roi de France Louis VII, la belle Aliénor d’Aquitaine a enchaîné les décisions aussi capricieuses que catastrophiques. Cela a abouti au massacre de Vitry-en-Perthois, puis à une croisade calamiteuse et contre-productive en Terre Sainte. De fait, les relations entre Louis et Aliénor se sont tellement détériorées qu’ils ont tous deux consenti à une tumultueuse annulation du mariage. Comme pour bien enfoncer le clou, Aliénor se remarie deux mois plus tard avec le pire ennemi de Louis, le jeune roi anglais Henri Plantagenêt. Les guerres incessantes et le jeu des alliances réduit alors comme peau de chagrin le royaume de France. L’Anjou, la Normandie, le Poitou, l’Aquitaine sont désormais sous contrôle Plantagenêt… Louis enrage, s’enivre, rumine sa vengeance et devient fou. Pendant ce temps, un autre drame se joue du côté du palais de l’Ombrière (Bordeaux) : Pétronille, la jeune sœur d’Aliénor, est retrouvée morte durant une partie de chasse. Que lui est-il arrivé : attaque par un animal sauvage ou meurtre déguisé ? Est-ce une vile manœuvre d’Henri, ou un acte insensé de son frère Geoffroy, bègue et sot ? Aliénor est affligée. Les jeux politiques obtus ne semblent pas connaître de limite. Si seulement elle savait où se trouve son beau chevalier italien Vincent Damonte ! Curieusement, il lui semble l’apercevoir habillé en moine, durant l’enterrement de Pétronille dans un couvent…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les livres d’Histoire nous apprennent qu’Aliénor d’Aquitaine est morte en 1204, à l’âge (environ) de 80 ans ! Cet âge canonique (pour l’époque) promet une série historique aussi longue que tumultueuse, étant donné que ce tome 5 s’intéresse aux « faits » déroulés aux alentours des années 1153-1154, soit le début de son second mariage avec le roi Henri II Plantagenêt. La version romancée proposée par les scénaristes Benoît Delalande et Simona Mogavino la présente toujours comme une femme-enfant aussi belle que capricieuse, qui joue de ses charmes, se laisse emporter par ses décisions mal considérées, ses jugements à la hâte et ne se rend pas compte qu’elle est manipulée et que sa « passion vaut possession ». Toutefois, les épisodes sanglants de son double règne commencent aussi à lui faire prendre de la bouteille (au sens figuré). Au fil d’une narration dense, au verbe soigné, quoique sans doute trop bavard pour se destiner à un large public, les fronts d’intrigues sont nombreux, les manigances politiques sont complexes et ne se dévoilent pas immédiatement. A la folie et l’affaiblissement de Louis VII, s’alternent l’ambition calculatrice d’Henri II, la crétinerie de son frère Geoffroy et d’une espionne, la mort suspecte de Pétronille, ainsi que la réapparition surprise de Vincent. Le chevalier italien incarnait jusqu’à présent un héros vertueux sans doute trop présent dans la saga, alors que son existence est 100% fictive. Son rôle est moindre dans cet opus, et il pâtit d’un destin durablement rectifié. Surtout, encore une fois, on soulignera le talent et le souci de précision du dessinateur Carlos Gomez, qui livre une partition graphique de haute volée. Tant dans les décors médiévaux que pour les vastes reconstitutions animées, tant dans l’expressivité des personnages que pour leurs mouvements ajustés, cette série historique est à classer parmi les plus palpitantes de ces dernières années. Sans oublier de souligner le travail de son coloriste José Luis Rio, impeccable s’agissant de magnifier les ambiances.