L'histoire :
An 575. La guerre fait rage entre les frères Chilpéric et Sigebert et, à distance, leurs épouses, toutes deux sans pitié, Frédégonde et Brunehaut. Lors d’une bataille entre Neustriens et Austrasiens, le fils de Chilpéric, le prince Théodebert, est tué. Cette défaite sonne le glas des ambitions de Chilpéric, d’autant que le troisième frère, Gontran, a décidé de se rallier au vainqueur. Chilpéric est acculé, mais sa femme n’a pas dit son dernier mot. A Tournai, Frédégonde, enceinte d’un petit garçon, se réjouit en privé, avec son amant Landry, de la mort de son beau-fils qui libère une place sur la liste des futurs prétendants à la couronne. Elle est prête à tout, mais sa rivale Brunehaut, à Metz, est du même tonneau. Craignant que la main de son mari Sigebert tremble au moment de porter le coup fatal à son frère, elle décide de partir le rejoindre à Paris. Pendant ce temps, à Tournai, alors que Sigebert déprime enfermé dans sa chambre, Frédégonde accouche d’un fils qu’elle hésite à tuer. Elle se ressaisit et décide de le nommer Samson, le libérateur. Elle est prête à la guerre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Frédégonde, c’est l’histoire d’une survivante. Souillon, maîtresse raillée, elle devient reine par la grâce de ses fesses, mais pas que. Son ambition, son intelligence et sa férocité font merveille dans un royaume franc morcelé et sans attache. Elle zigouille à tour de bras, de la reine légitime Galswinthe dans le premier tome, pour reprendre sa place, jusqu’aux propres fils de son mari, les uns après les autres, pour assurer sa propre descendance. Problème : tous ses bébés meurent en bas âge… L’histoire est violente, rendue attractive par la patte de Virginie Greiner qui donne chair à la recherche de vengeance de Brunehaut et à l’insatiable appétit de pouvoir de Frédégonde. Les yeux écarquillés de plaisir de Frédégonde dès la page 4, à l’annonce de la mort de Théodebert, la rendent encore plus terrifiante. La précision et la grâce du trait d’Alessia de Vincenzi donnent une force certaine au récit, d’autant que les couleurs d’Albertine Ralenti, riches et chatoyantes, rendent les dessins de la Romaine souvent magnifiques. Le rythme est bon, le découpage et les plans variés, le tout pour une lecture agréable. Un bémol cependant – il faut qu’il y en ait un – il y en a peut-être deux en fait : les meurtres s’enchaînent à grande vitesse lors du dernier tiers de l’album ; tellement, qu’on a l’impression que l’histoire a été raccourcie pour pouvoir faire entrer toutes les trahisons et les crimes de sang de nos amis Neustriens. Pourtant, l’Histoire est là. Pour dérouler autant de violence et de cruauté, il aurait peut-être fallu trois tomes ? Mais finalement, quel intérêt y-aurait-il eu à voir plus précisément ce déferlement de haine ? Finalement, Virginie Greiner et Alessia de Vincenzi s’en sortent plutôt bien et ont livré un dytique historique de très bon niveau.