L'histoire :
Vers le milieu du XVIème siècle, en Afrique de l’Ouest, sur le fleuve Kwanza aux abords des chutes de Kalandula, la reine Njinga et ses fidèles s’apprêtent à repousser une énième attaque des envahisseurs portugais. Mais ces derniers ont appris de leurs anciennes défaites, face aux barges cuirassées, aux armures, à la mitraille et aux chiens de combats. Toute résistance ne fait pas long feu. La grande majorité de ses soldats tués, la reine se voit contrainte de fuir afin de recomposer des forces ultérieurement. La traque des Portugais se resserrant sur elle, elle décide de rejoindre la terre de son époux, en pays Imbangala, afin d’y trouver une alliance avec ce dernier. De leurs côtés, les Portugais ont établi un nouveau roi fantoche sur le trône du Ndongo, mais qui fait également pâle figure devant le peuple tout acquis à la reine Njinga, à qui ils commencent à prêter quelques pouvoirs surnaturels. Pour les Portugais, le temps presse. Car bientôt, on parle d’une alliance entre les insoumis et le Kongo et il leur faut absolument pacifier le pays sous peine de perdre leur plus gros marché d’esclaves pour leur colonie du Brésil. Devenue véritable cheffe de guerre, Njinga terrorise tous ses ennemis, semant la mort chez ses opposants dans le royaume du Matamba, allié du Portugal, afin d’y établir sa base arrière. C’est alors qu’une escadre de navires hollandais se présente en rade de Luanda et prennent le port sans grands combats. À leur tour, les Portugais se replient dans leur forteresse, espérant des renforts de Lisbonne. En attendant, les marchands hollandais établissent des pourparlers de paix avec la reine Njinga, en échange de mousquets. Mais en 1645, le roi du Portugal Jean IV envoie de nouveau renforts chasser les Hollandais du territoire. Tout est à refaire pour la reine. Elors pourquoi pas une nouvelle alliance avec la papauté ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fin de cycle très intéressant pour cette reine guerrière si peu connue dans nos contrées, ce qui s’avère bien dommage. En effet, alors que ressurgissent trop régulièrement des discours sur la soi-disant « supériorité » de l’homme blanc sur ses confrères et consœurs d’Afrique, un tel destin historique permet de témoigner grandement du contraire. Et si la bande-dessinée permet d’ouvrir quelques esprits rétrograde, alors autant ne pas bouder son plaisir. D’autant que cette Njinga, reine d’Angola, aurait véritablement de quoi en remontrer à bien des monarques occidentaux de l’époque, avec une grande maîtrise de l’art guerrier, malgré des moyens très inférieurs, mais surtout un don exceptionnel pour les stratégies politiques, faites d’alliances et de désunions, en synergie parfaite avec les fourbes occidentaux qui ne cherchaient qu’à la manipuler ou la trahir. A ce petit jeu, la sublime reine saura également jouer de la religion, comprenant tous les avantages qu’elle pourra tirer du catholicisme, à l’égal de notre bon roi Henri IV, un siècle plus tôt. Nous ne bouderons donc pas notre plaisir de retrouver cette reine, aux cœurs de contrées et paysages exotiques, sous les pinceaux de De Vincenzi, qui s’accordent parfaitement au siècle de cette « Reconquista » africaine, avec de superbes sujets, tant autochtones qu’affreux conquistadors. Et si le scénario se montre essentiellement historique et que l’histoire tient donc parfaitement sa ligne, il est vrai que, comme souvent dans les séries historiques méconnues, il vaut peut-être mieux parfois resserrer l’histoire sur un seul album, plus dense en rythme et en émotion.