L'histoire :
En 1617, à Luanda, sur la côte Ouest de l’Afrique, dans l’actuel Ouganda, une ambassade tribale est envoyée à la rencontre des Portugais afin de négocier un traité sur la libération d’esclaves. À sa tête, Njinga, princesse du Matamba et frère du roi Mbandi. Très vite, cette farouche guerrière prend la mesure des colonisateurs européens et leur impose sa vision des choses en n’acceptant aucun compromis, mis à part celui de se faire baptiser afin que son royaume devienne chrétien et ainsi allié du Portugal. Diplomate intransigeante, de retour dans son royaume, elle soumet les conditions de paix à son frère, le roi Mbandi. Ce dernier s’avérant incapable de faire face à la situation, et de surcroit coupable de l’assassinat du fils de Njinga, cette dernière le fait éliminer, ainsi que son fils. Puis elle s’allie aux terribles Imbangalas, une tribu cannibale, alliée des Portugais, ces derniers n’ayant pas honoré le traité, en refusant de se retirer d'Ambaca, de rendre les sujets du Ndongo et de contenir les assauts des Imbangala. Dorénavant épouse du chef Kaza, elle devient alors la reine du royaume du Matamba. Mais les Portugais, désireux de continuer la traite des esclaves dans cette contrée ne l’entendent pas de cette oreille. Ils installe sur le trône un souverain fantoche, lui-même rapidement éliminé par les forces de Njinga. S’ensuit alors un terrible conflit entre les forces portugaises, suréquipées, et la tribu africaine, faites d’escarmouches, de guérilla et de guet-apens, tournant toujours à l’avantage de la reine, cette dernière ne faisant aucun quartier aux soldats adverses prisonniers. Une demande est alors faite à Lisbonne afin d’envoyer toujours plus de renforts et d’armements aux soldats blancs, une véritable guerre s’étant déclarée entre les deux parties. La lionne semblait indomptable…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
À l’image de l’égyptienne Cléopâtre, quelques siècles plus tôt, cette lionne du Matamba nous ouvre vers d’autres horizons que nos « classiques » reines et princesses médiévales. Et autant dire qu’avec Mbandi Njinga, nous avons de quoi nous en mettre sous la dent. Agréablement dessinée par Alessia De Vincenzi, déjà titulaire de notre mérovingienne et déjà sanguinaire Frédégonde, l’album confère à cette reine africaine tous les ingrédients qui prévalent aux reines de sang. Au menu : conflit extérieur avec une puissance coloniale alors sur le sommet du monde, intrigue interne entre fratrie pour la quête du pouvoir, et nombreux assassinats en bonnes et dues formes et n’ayant rien à envier à notre Rome antique ou à nos guerres de religion. Le fait que l’histoire se déroule en Afrique amène également beaucoup d’exotisme à cette histoire, nous faisant parfaitement comprendre la vision rétrograde des Européens face aux peuplades tribales, et soi-disant non-civilisées. L’héroïne, mais également ses guerriers, sont emplis de charisme, tout en muscles et sensualité, alors que les portugais trahissent des physiques ingrats, dont on imagine parfaitement l’odeur de sueur sous leurs cuirasses et autres étoffes. Quant au scénario, monté de façon très linéaire, il reprend l’histoire de cette reine, véritable symbole national de l’Angola, sans y apporter guère de fiction, ni personnage inventé. Il nous perd toutefois parfois dans quelque flashback, peu compréhensible à la première lecture, surtout avec tous ces noms à consonance peu familière pour nous, pauvres européens ! Reste que cette Lionne du Matamba n’a pas usurpé son titre dans cette série des reines, qui n’en finit pas de s’étoffer. La suite (et fin) de cet opus ne devrait certainement pas déroger à la règle.