L'histoire :
Dans le harem d’Istanbul, en 1520, on s’apprête à recevoir Gulbahar, la favorite du sultan Soliman le magnifique, « lumière d’Allah », et mère de ses enfants, dont le prince Mustafa. Elle doit y présenter ses hommages à la validé sultane, la mère du sultan et grande ordonnatrice du harem. Car en ce lieu, tout est régi selon des règles très strictes, et une hiérarchie précise est établie entre toutes les femmes, qu’il serait inconcevable de contrarier, sous peine du courroux des eunuques et du Kizlar Agasi. Parmi toutes, la meilleure des novices, l’ancienne esclave de Galicie, Roxelane, est sérieuse et disciplinée. Elle plait à tous et à toutes, malgré son rire naturel et instinctif, contraire au règlement du sérail, mais qui a le don de charmer quiconque l’entend. Elle fera donc de sa bonne humeur, son arme la plus redoutable, en devenant « Hurrem la joyeuse » et dans le but d’être présentée au sultan. Pour cela, elle n’hésite pas à étudier sans relâche et à cultiver son esprit, passant le plus clair de son temps dans la bibliothèque des princes, jusqu’à attirer l’attention de la validé en personne. Mais lorsque trois des fils du Sultan meurent en bas âge, ce dernier sombre dans une torpeur morbide que rien ne peut apaiser, même la plus belle des femmes. Alors Hurrem désobéit au bon ordre du harem, et implore de lui être présentée. Son jugement risque d’être terrible, mais Soliman finit par accepter la djouma, l’union sacrée, avec cette novice rebelle. Roxelane, « Hurrem », a réussi à transformer sa chance en destin, et elle devient Ikkbal, « celle qui a su plaire au sultan ». L’hasséki est délaissée, Roxelane enceinte de Soliman devient enfin sultane. Mais pour beaucoup, elle ne reste qu’une ancienne esclave, « une chair vendue ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette plongée dans l’Orient du XVIème siècle nous ouvre les portes d’un monde méconnu, loin de nos reines de France médiévales. Mais quelles que soient les contrées, ces Reines de sang n’aspirent souvent qu’à un unique dessein : celui de posséder le pouvoir, quel que soit le titre donné, reine, princesse, impératrice ou sultane. Et si la vie de Roxelane la joyeuse, se rapproche dans un premier temps de celle de notre Mérovingienne, Frédégonde « la sanguinaire », de par leur statut social proche du peuple, Roxelane s’en démarque nettement par son accession au pouvoir, nettement moins radicale. D’ailleurs, un certain étonnement pourrait même venir étayer son intronisation dans cette série, tant cette Roxelane est joyeuse, même si quelque peu manipulatrice. Les connaisseurs attendront donc le second tome pour se délecter des premiers homicides de la belle. En attendant, si l’histoire réelle de Roxelane fut particulièrement passionnante, il n’en n’est rien de cet album. Il nous décrit la vie de harem au XVIème siècle avec force de dénomination de titres inconnus, si bien qu’un lexique aurait été le bienvenu en marge des pages. Surtout que les dessins et les couleurs, très fades, ne permettent pas, dans un premier temps, de définir nettement les personnages féminins. Si bien qu’une seconde lecture s’impose. Avec des favorites très ressemblantes les unes aux autres, à part la rousse Roxelane, et une mère du sultan ayant tendance à rajeunir selon certaines cases. Tant qu’à nous faire vivre la majeure partie de cette histoire dans un harem, nous aurions aussi apprécié plus de luxure et de corps alanguis… Mais il n’en est rien. Les quelques naïades dénudées ne risquant pas d’émoustiller l’excitation d’un adolescent pré-pubère, à l’heure d’Internet. Et que dire du sultan Soliman le magnifique, qui semble ici avoir usurpé son nom, tant il manque de charisme et de fougue, à l’image des couleurs et des décors qui manquent cruellement de flamboyance pour nous transporter dans l’ambiance orientale et magique des Contes des milles et une nuit. Vite, plus de sexe et plus de sang !