L'histoire :
De décembre 1522 à janvier 1523, alors que le Sultan et son armée guerroient à Rhodes contre les chrétiens, Roxelane met au monde un petit garçon que les dignitaires prénomment Mehmet. Pour Gulbahar, la mère de Mustafa, le premier enfant dans l’ordre de succession du sultan, l’inquiétude grandit. À son retour victorieux, Soliman ne prend pas le temps d’aller saluer les dignitaires et la Validé (sa mère), comme le protocole le voudrait. Il file aussitôt retrouver son nouveau fil et surtout sa bien-aimée. Cette passion dévorante pour une « chair vendue », une ancienne esclave d’une autre religion, commence à exaspérer les proches de Soliman, dont Ibrahim, son fidèle bras droit et protecteur de Mustafa. Mais Roxelane n’en n’a cure, qui continue chaque jour de tisser sa toile autour de Soliman, tant par les plaisirs de la chair que par son intelligence, afin de rester Hürrem, l’unique favorite dans son cœur. Alors elle continue, encore et toujours, à parfaire sa connaissance de l’histoire et des affaires de l’empire. Conscients du danger, la Validé et Ibrahim Pacha, devenu Grand Vizir, ne l’entendent pas ainsi, et placent Mustafa sous leur protection directe. Alors, plutôt que de s’en faire des ennemis, Roxelane joue l’amitié pour Mustafa et va jusqu’à rencontrer le Grand Vizir, bientôt marié à la sœur de Soliman, et lui faire des louanges. Quand ce dernier offre au sultan Gulfem une nouvelle esclave, c’est bien dans l’idée de l’éloigner de Roxelane, devenue mère pour la seconde fois – et bientôt troisième fois. Mais loin de se laisser désespérer, Roxelane intrigue en silence, se liant d’amitié avec Gulfem et ne répondant pas aux attaques blessantes d’Ibrahim, devenu désormais intouchable, puisque commandant suprême des armées. Mais les années passent et Roxelane craint de ne pas devenir un jour la Validé ; de même qu’elle craint pour la vie de ses quatre enfants, si Mustafa devient un jour sultan. Une seule solution s’impose à elle : être affranchie par son maître et devenir une femme libre sur laquelle il n’aura aucun pouvoir, sauf en cas de mariage, coutume pourtant interdite à tout sultan… Plus rien ne semble résister à Roxelane, pas même Ibrahim Pacha, qui commet erreur sur erreur, jusqu’à sa perte, alors que l’empire Ottoman se voit enjolivé d’une sultane joyeuse.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce second et dernier volume de Roxelane, la saga des Reines de sang reste fidèle aux traditions des femmes de pouvoir ayant marqué l’Histoire. Et si le premier tome restait quelque peu gentil, il faut bien avouer qu’ici, Roxelane passe la vitesse « démultipliée » dans ses intrigues qui mènent au pouvoir. On y retrouve, assez fidèlement à l’Histoire, une femme esclave en concurrence avec d’autres femmes, pour la conquête du cœur d’un homme, dans une société musulmane où leur place n’est que d’être fécondées. Sauf que Roxelane dispose de sérieux atouts, en plus de son physique slave et de son goût pour les plaisirs charnels, car elle ne rechigne pas à s’instruire continuellement, afin de devenir aussi la confidente de son souverain de sultan. Et si elle ne fait que très peu couler le sang de ses opposants, elle mérite son titre de « reine de sang », grâce à sa très haute intelligence dans les intrigues royales. Hormis ce scénario bien ficelé, cet album pêche, comme le premier, par un dessin et des couleurs très fades, qui ne mettent presque jamais nos héros, et surtout notre héroïne, en valeur. Quand on pouvait s’attendre à de magnifiques décors et couleurs d’orient, nous n’avons droit qu’à des aplats pourpres ou turquoises, sur lesquels nos personnages s’échinent à nous attirer. De même, les femmes, dont la beauté rayonnante devrait mettre en valeur l’histoire, font souvent pâles figures, avec des visages plus austères les unes que les autres et qui, parfois, se ressemblent trop entre elles pour permettre de les différencier. Nous ne reparlerons pas non plus du sultan Soliman, dont le titre de « magnifique » semble ici toujours aussi usurpé, tant son physique est ingrat. Au final, le mieux est donc encore de lire cette BD plutôt comme un livre d’Histoire, sans attendre d’être excité par le dessin, ce qui est bien dommage en soi, pour une femme aussi belle et complexe que l’était Roxelane.