L'histoire :
En 1848, à Beijing (Pékin), Li Lieng Yin, un jeune mendiant, vit dans la misère et dans la boue. Il demande l’aide du grand eunuque de la cité impériale An Dehai, qui lui promet de l’aide s’il renonce lui aussi à la virilité, sous les yeux amusés de Xhingzen, magnifique jeune fille mandchoue, pleine de vie et de fougue, que son père ne veut pas marier mais donner en concubinage à l’empereur. Le jeune Li Lieng Yin va voir les castrateurs assermentés, Bi le Cinquième et Liu la fine lame. Il jure de devenir grand eunuque et promet 1000 Taels s’ils l’opèrent dès le lendemain et lui font crédit jusqu’à ce que son projet devienne réalité. De fait, quelques jours plus tard, le jeune homme peut faire cadeau de ses attributs au grand eunuque An Dehai dans une petite urne. Ce dernier honore sa promesse et le fait rentrer au Palais. Quelques mois plus tard, ce sont les eunuques qui choisissent les futures concubines de l’empereur. Li Lieng Yin fait alors un pacte avec la belle Xhingzen : il lui apprend les arcanes de l’amour pour qu’elle devienne impératrice, et il grandira dans son ombre. L’heure de Xhingzen va bientôt venir, mais les obstacles sont nombreux, à commencer par une prophétie qui annonce que le malheur s’abattra sur l’Empire du Milieu lorsqu’une fille de son clan, les Yehe Nara, en prendra la tête…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nouvelle Reine de sang, encore une femme magnifique et humiliée qui décide de se venger, froidement et violemment, de la vie… Malgré le dépaysement, on rentre tout de suite dans cet album grâce à la douceur et la naïveté du jeune Li Lieng Yin, jeune chat dans un monde de tigres. Il est tout en bas d’une société rude, qui écrase les faibles, qu’ils soient pauvres ou… femmes. Et c’est un pacte de sans-grades qui se noue. Le pauvre enfant de la rue, devenu eunuque pour se nourrir, et la jeune femme dont le seul problème est d’être une femme dans une société où c’est une malédiction, et qui va en faire son atout numéro un. L’histoire est belle, elle va devenir sordide, tournant au conte de fée sanglant. Le scénar est bien mené, efficace, sans temps mort, même s’il est conventionnel, voire cousu de fil blanc. Bien cousu de bon fil bien blanc, en tout cas. Philippe Bihoul se permet au passage de nous montrer les êtres humains dans toutes leurs bassesses, leurs bêtises, du racisme ordinaire à la violence gratuite du fort sur le faible, en passant par la faiblesse d’esprit et de caractère, dangereuse, des gouvernants. Fabio Mantovani livre un dessin riche et haut en couleurs, assez conventionnel et facile à lire, et en même temps découpé de manière très active. L’ambiance médiévale, alors que l’empire est vieux de plusieurs millénaires, en dit long sur les conservatismes archaïques de l’époque et ils sont bien retranscrits. Cerise sur le gâteau : Xhingzen est vraiment magnifique, et magnifiquement dessinée, au gré d’un érotisme léger. On attend la suite avec l’eau à la bouche.