L'histoire :
En 1861, une secte chinoise, vaguement d’inspiration chrétienne, écrase l’armée impériale à Changzhou. Le chef de cette révolte Taiping se nomme Hong Xiuquan, autoproclamé frère de Jésus et messie… A Beijing, Tseu Hi fait exécuter les cadres qui se sont dérobés devant la furie de la secte, tandis que C’ian reste dans ses appartements. Devant l’impératrice, deux stratégies s’opposent. Celle du prince Gong, chef des armées, et celle du général Zeng Guofan, qui plaide pour une alliance avec les occidentaux. Tseu Hi, trop heureuse de se débarrasser de Gong, trop influent, le relève de ses fonctions, mais elle est consciente d’ouvrir la boîte de Pandore. La discussion entre Li et Tseu Hi sur les Taiping est interrompue par un jeu entre le jeune empereur, C’ian, et leurs suivantes. Le jeune empereur a peur de sa mère et se réfugie dans les bras de C’ian. Tseu Hi est touchée mais ne le montre pas. Elle demande à Li d’accompagner le général dans les négociations à Shanghai avec les occidentaux. Le grand eunuque, en retour, lui demande de se charger de l’éducation de l’empereur…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce nouveau diptyque de la magnifique collection Les Reines de Sang est une nouvelle fois… magnifique. Fabio Mantovani a un trait précis et gracieux, et ses paysages, comme ses personnages, sont un régal pour les yeux. Ses scènes de combat sont violentes et les couleurs d’une vivacité quelquefois dérangeantes… Sa virtuosité est au service d’un script efficace, celui d’une reine mère prête à tout pour conserver le pouvoir, à assassiner et enfermer tous ses proches, jusqu’à son propre enfant, mais aussi d’une relation tendre et drôle entre deux enfants de la rue, qui n’auraient jamais dû se retrouver aussi haut. Leur complicité est fraîche, malgré la brutalité et le vice dont ils font preuve. L’Histoire, romancée comme il faut, est belle et attachante et la narration est bien maîtrisée par Philippe Nihoul. Même si les dialogues sont très présents, et plutôt bons, il laisse aussi de la place au silence et à la force des images. Le passage d’une époque à l’autre, difficile, d’une Chine repliée sur elle-même face au reste du monde qui bouillonne déjà de libéralisme, est parfaitement retranscrit et le lecteur éprouve beaucoup de plaisir à s’immerger dans ce récit. Difficile enfin, et pour parler d’autre chose, de ne pas penser à « Scotch » Arleston et à ses frangines girondes Cixi (autre nom de Tseu Hi) et C’ian, amoureuses de son Lanfeust et dont le lecteur fainéant qui n’aurait pas déjà fait la recherche retrouvera ici la filiation.