L'histoire :
C’est le dernier jour d’Henryk en tant que gardien au musée du Louvre, avant sa retraite. Empli de mélancolie, il s’est isolé une dernière fois dans une salle, face au Radeau de la Méduse. Il en profite pour causer à son amie Phémis, une souris, également conteuse grecque, de la transmission nécessaire qu’il compte faire auprès du jeune Milo, un gamin humain curieux et intelligent, fils d’une collègue gardienne. Il compte lui confier le damier – qui sert de code pour communiquer avec les muridés – et la « clef ». Puis Henryk est prié par son supérieur de sortir. Mais cette entrevue est captée par les autorités grecques des souris ! Et lorsque Phémis revient, elle est arrêtée par des soldats grecs et condamnée au bannissement, pour pactisation avec l’homme – le crime le plus grave chez les souris du Louvre. Phémis est ainsi escortée jusqu’à une station de métro, où on lui indique la destination du parc… Montsouris ! Mais cette scène a été espionnée par Esope, son petit-fils. Ce dernier décide d’agir et d’aller à la rencontre du pire ennemi du roi grec Xanthos, c’est-à-dire le pharaon. Chemin faisant, il est cependant lui aussi arrêté, mais par la garde égyptienne. Il ne doit son salut qu’à l’intervention d’une petite souris égyptienne, appelée Isis. Le coup de bol, c’est qu’Isis est précisément la fille du vizir, l’un des seuls capables d’introduire Esope auprès du pharaon…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Et nous voilà repartis à l’aventure « intra-museum » aux côtés de nos souris, qui ont reconstitué les conflits du monde antique dans les entrailles cachées du musée du Louvre. Ce faisant, le scénariste Joris Chamblain propose aux jeunes lecteurs de se cultiver un minimum, à travers une intrigue à leur portée. Car via cette histoire, les protagonistes – souris et humains – croisent et évoquent non seulement bon nombre d’œuvres célèbres en fonction de leur parcours dans le musée, mais ils rejouent aussi les antagonismes historiques de jadis. Et ces gentilles tensions géopolitiques s’étayent sur de nombreux éléments de culture authentiques. Ainsi apprend-on, par exemple, que le mot « sphinx » est grec et non égyptien ; que l’homologue de l’aède chez les égyptiens s’appelle le vizir ; ou que le Radeau de la Méduse (Géricault, toile de 1819) noircit inéluctablement au fil du temps qui passe, car sa peinture contient du bitume naturel. On n’en attendait pas moins de cet excellent scénariste jeunesse qu’est Joris Chamblain, ici honorablement accompagné pour le dessin par Sandrine Goalec (et les couleurs par Drac). Les plus curieux des lecteurs approfondiront aussi le sujet des antiquités égyptiennes du Louvre grâce au cahier pédagogique final : deux pages, pas plus, mais d’une grande richesse culturelle ! Dans ce deuxième tome, un nouveau gardien humain est déterminé, un biais de communication anthropo-muridé est établi (le fameux damier de Babel)… et nos souris clandestines nous invitent à suivre prochainement une troisième aventure.