L'histoire :
Les habitants du petit village de la Fontaine-aux-sources se regroupent révoltés devant la mairie. En effet, un arrêté préfectoral vient d’entériner la privatisation de leur nappe phréatique, au bénéfice d’une société industrielle d’eau minérale en bouteille, la marque Opur®. Le réseau de distribution d’eau potable sera ainsi coupé dans les 24 heures ! En contrepartie, l’industriel Water Business qui gère la marque leur propose un tarif préférentiel pour acheter l’eau en bouteille directement à l’usine. Evidemment, cette injustice n’est pas sans lien avec la présence au sein du conseil d’administration de Water Business de la femme du Préfet… Pendant ce temps, les veuves électriques sont toujours en fuite, en voiture, après avoir kidnappé le directeur de la centrale nucléaire de Chissouane, André Chompart. Elles font toujours un chantage pour exiger la fermeture de la centrale, dont les failles de sécurité ont coûté la vie à leurs maris. Le chef du Raid, le commissaire Broussaille, connait par avance leur point de chute : le village de Troucreux. Il y débute sans attendre le déploiement de ses forces de police, afn de les y cueillir. Hélas pour l’efficacité de son opération, le préfet a aussi demandé aux forces de gendarmerie de se mobiliser et il a prévenu les médias. Un hélicoptère de BFN se pose d’ailleurs déjà, et un journaliste en sort un micro à la main en l’assaillant de questions…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome donnait le ton d’une comédie parodique pleinement burlesque mais tout de même grinçante quant aux dérives du pouvoir, à tous les niveaux – de la petite mairie de province, jusqu’au sommet de l’Etat. Cette suite continue sur cette même lancée et sans rien révéler du final explosif, on peut clairement affirmer qu’il n’y aura pas de tome 3. On n’en attendait pas moins de Relom, l’auteur de la série trash Andy & Gina ou de Dirty Karl, qui ne s’occupe cette fois que du scénario. La parodie est évidemment ultra outrancière et pleine de grosses vannes. Néanmoins, elle s’adonne sans vergogne au pamphlet politique – Gwenaël Petinazy est la caricature ostensible d’un certain président en exercice. Si on accepte ce postulat, on suit un divertissement fendard, qui met ses gros doigts sur de vraies failles de notre société. En première ligne, le diptyque dénonce évidemment les dangers de l’énergie nucléaire, notamment en période de disette économique. Et tant qu’à faire, tous les acteurs qui s’agitent autours de nos trois veuves électriques révèlent aussi la privatisation du bien commun, la corruption généralisée, le bradage des services publics et de la sécurité, un état en déliquescence, les collusions d’intérêts privés, les dérives médiatiques, les manipulations de masses… le tout dans une grande joie foutraque où rien ne semble être vraiment grave. A travers son style fun et expressif, le dessin semi-réaliste de Damien Geffroy ajoute encore à la légèreté et désamorce la virulence de la diatribe. Cet entre-deux parodique / pamphlétaire est à la fois la force (comique) et la limite de ce diptyque (l’impact est systématiquement amoindri). Relom a tout de même le mérite d'avoir essayé quelque chose de nouveau en la matière.