L'histoire :
Parfois, il arrive que l'on écrive un mot ou une lettre à des personnes n'étant plus de ce monde. Regrets, nostalgie ou encore déclaration tardive en composent le contenu. Pour Agathe, c'est à sa mère, Marie, qu'elle en adresse quelques unes, après la disparition de cette dernière. Elle se remémore alors son enfance, alors qu’elle ne se sentait pas aimée. La figure maternelle n'en avait que pour ses deux frères et l'appelait même « l'écureuil » à cause de ses gros yeux, en lieu et place de son prénom. Il faut dire qu'Agathe était une enfant non désirée, un « retour de guerre » comme on dit, et dont le père quitta le foyer quelques temps après. Sa mère se remit assez vite avec un nouvel homme, André, qui aimait bien s'occuper de la petite fille. Néanmoins, à force de remontrances permanentes de sa femme, il délaissa lui aussi Agathe. Les années passent mais la relation mère-fille ne change jamais vraiment, même lorsque la petite fille devient femme. Jusqu'au jour où un heurt a lieu entre elles deux...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la même veine que Pourquoi j'ai tué Pierre (dans la même collection), ces Lettres d’Agathe ne vous laisseront pas indemnes. Dessinatrice et scénariste, Nathalie Ferlut propose de découvrir les souvenirs et les regrets d'une jeune femme, Agathe, concernant son enfance, et surtout sa relation avec sa mère. Visiblement inspirée par la biographie d'une de ses amies, au travers de ces lettres Ferlut dévoile une narration subtile, retraçant l'enfance et l'adolescence de son héroïne. Cela commence fort, avec une phrase qui glacerait le sang de nombreuses mères : « Ma petite maman chérie, je crois que tu ne m'as jamais aimée, n'est-ce pas ? ». La suite confirme malheureusement qu’Agathe, enfant non désirée puis quasiment ignorée, ne se rend pas vraiment compte à l’époque de ce non-amour, avec la naïveté d'une enfant. Les psychologues nous disent que les relations mère-fille ne sont jamais les mêmes. Elles peuvent être proches parfois, ou carrément ennemies. Marie, la mère d'Agathe, quant à elle, est rigide, distante, agressive et ne laisse pas de place au dialogue avec sa fille. Le secret de famille entourant sa mère mettra d'ailleurs du temps à sortir, pour se révéler salvateur pour Agathe. Le ton est sérieux et assez sombre, les dessins en couleur directe bénéficient d'une colorisation claire, allégeant un peu l’atmosphère dramatique. Avec un scénario marquant et un visuel agréable, Nathalie Ferlut livre une œuvre intimiste dont on risque de parler dans les années à venir. Un futur essentiel ? Cela ne fait aucun doute…