L'histoire :
Décembre 1944, la débâcle allemande s’accentue. La neige et le froid semblent avoir figé les combats. Néanmoins, une troupe de GI’s américains progresse à travers le nord des Ardennes belges, à proximité de la ligne Siegfried, sous le haut commandement du général Patton. Ils sont espionnés par les hommes de l’Oberst Rudolf Klein, qui ont la discrétion pour consigne. Réfugié dans un hameau isolé avec sa compagnie, Klein repose beaucoup d’espoir sur les nouvelles recrues qu’on vient de lui affecter. Ces hommes, jeunes ou communistes libérés des camps de concentration, afin de servir au combat, n’ont que 24h pour être formés au maniement des armes… Ils représentent néanmoins le dernier espoir du Reich dans sa grande offensive vers l’Ouest. Klein a beau être anti-nazi, il reste fidèle à sa patrie et à son grade, désormais de colonel. Il sermonne ses troupes et réclame d’eux une éradication stricte face à l’ennemi : on ne fera pas de prisonniers. Il se prend aussi de « sympathie » – Klein est homosexuel – pour un jeune communiste un peu rebelle, nommé Julius Kapt. Celui-ci fera partie du groupe d’éclaireurs qui dénichera dans une grange un pilote américain rescapé, après que les Panzers allemands aient abattu son avion-espion. Julius sera celui qui exécutera froidement les ordres : pas de prisonniers…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Que va-t-il rester de cette amitié internationale née à la veille de la seconde guerre mondiale, entre 4 hommes et deux femmes ? Au regard des évènements des précédents opus, ce n’est pas trahir le suspens que de répondre : pas grand-chose. Il aura toutefois fallu attendre le tome 10 pour voir trôner une femme en couverture. L’américaine Cheryl Matthew est en effet l’unique survivante de la bande (la 4ème de couv le dévoile, alors on se permet de le faire aussi), or elle est journaliste et photographe, donc témoin privilégiée de l’horreur. Sans compter que l’image de la femme métaphorise peut-être la solution d’un avenir pacifique en marche. La saga romancée se situe dans un contexte guerrier authentique : pour trame de fond, dans les Ardennes enneigées, puis dans Berlin en ruine, entre décembre 1944 et août 1945, nous suivons cette fois une tentative de sursaut allemand, vite rattrapé par le déclin. Cheryll Matthew n’est cependant pas la seule protagoniste que le lecteur croisera dans ce tome : il retrouvera aussi l’allemand Rudolf Klein, l’aviateur anglais Tim page et la communiste Magdalena Kops. Au cours des 62 planches conclusives, le scénario de Jean-Pierre Pécau se termine de bien cynique manière : les amis ne se retrouvent pas, mais leurs destins respectifs se frôlent et s’ignorent. L’engrenage politique, le patriotisme formaté sont aveugles des amitiés. Comme pour les tomes 2 et 4, Benoît Dellac assure le dessin de son trait expert, aussi bien pour les mises en scène des combats, des paysages et des plans larges, cadrés d’idéale manière, que pour les portraits détaillés et expressifs des personnages en gros plans.