L'histoire :
En octobre 1941, dans un cimetières de Berlin, l'officier allemand Rudolf Klein enterre un ami mort en Crète. Comme le demandait le défunt dans ses dernières volontés, un tourne-disque passe la chanson Lili Marleen. Mais un membre de la Gestapo brise de sa botte le 33 tours. Cette chanson est interdite : elle sape le moral des troupes. Klein est affligé par cette mentalité qui croît au sein du Reich. Il est encore plus écœuré lorsque son général lui annonce qu'il part sur le front russe, non en tant que para, mais en tant qu'infanterie d'élite. Quelques jours plus tard, il découvre l'horreur du siège de Leningrad. L'idée est d'affamer les deux millions de soviétiques habitant de l'autre côté de la Neva, déjà gelée. Mais les russes sont résistants. En outre, ils sont aidés par les renforts humains venus de Sibérie, donc habitués aux combats en climat hivernal extrême. Ces renforts sont mécaniquement déclenchés par l'abandon des japonais du front de l'Est. L'info est fiable : elle a été récupérée par Magda Kopps, espionne communiste allemande. Campées sur leurs positions de chaque côté de la Neva, les deux armées se livrent des offensives régulières, qui se soldent généralement par une boucherie. Un jeu de drapeaux brandis au dessus du fleuve attise encore plus leur haine réciproque...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tour à tour, au sein de cette fresque de guerre mondiale, les quatre personnages masculins récurrents alternent leurs engagements aux quatre coins du monde. Il semble que dans la tomaison, le scénariste Jean-Pierre Pécau consacre tous les multiples de 4 à Rudolf Klein, officier allemand homosexuel et humaniste au sein du Reich. Nous le suivons ici sur le front russe, lors du siège infâme de Leningrad. Combats, bombardements, guerre de position, missions de repérage, mitraillage... la guerre dans toute son ignominie s'étale une nouvelle fois sous les yeux des lecteurs. Ces derniers apprendront dans ce tome 8 quelques détails sur cette zone de combats au Nord de la Russie, grâce à l'érudition du scénariste, toujours impeccable sur le plan historique. Entre deux, des parenthèses font le point sur le destin des deux personnages féminins, la russe Magda et l'américaine Cheryl, qui ne se prédestinent visiblement pas à tenir les premiers rôles. Magda espionne au profit des soviétiques, tandis que Cheryl œuvre pour le contre-espionnage, afin de réhabiliter Lili Marleen, la chanson qui démoralise les troupes allemandes et sert de fil rouge à la saga. L'ensemble est mis en images de manière un peu terne et austère par Dejan Nenadov, abonné au personnage de Klein. Bref, c'est techniquement didactique mais ça manque cruellement d'empathie pour les personnages : du pur Pécau, aussi fiable qu'un rouage de machine-outil allemande...