L'histoire :
Aux jeux olympiques de Berlin, le 1er août 1939, il est demandé aux sportifs de la délégation française de défiler en tendant le bras vers le haut, pour faire honneur au führer. Un seul d'entre eux prétexte une crampe au bras pour éviter le salut nazi. Le frondeur s'appelle Emile Berger, coureur cycliste surnommé Milou, qui se fait copieusement enguirlander par son responsable dans les coulisses. Le lendemain, son comportement lui vaut la considération d'un athlète anglais, Tim Page, qui lui répare la soupape de sa moto et l'invite à boire un coup le soir-même. Dans l'estaminet, Milou fait aussi la connaissance de la journaliste américaine Cheryl Matthew. Soudain, un client s'insurge contre les messages de propagande communiste déposés par une jeune femme. Milou prend la défense de la miss et fait le coup de poing. Une bagarre générale éclate, à laquelle se joignent Peter Yates, un nageur australien et Joachim Klein, un dandy allemand homosexuel. Ils prennent la fuite tous ensemble lorsque arrive la police, couverts par l'australien qui a réussi à piquer l'arme de service d'un policier. Ils volent ensuite une voiture, se lancent dans une course-poursuite avec les forces de l'ordre allemandes et se fondent finalement dans la foule d'une gare. Ils finissent leur nuit festive dans un cabaret, le Kit Kat Club, bien éméchés et copains pour longtemps...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lignes de Front se présente comme une nouvelle série-concept (à parutions rapprochées) dédiée – année commémorative oblige – à la seconde guerre mondiale. Cet épisode inaugural se décompose en deux parties de tailles égales. Dans une première moitié, le scénariste Jean-Pierre Pécau présente et met en place les six acteurs qui éprouveront moult aventures au fil des quatre tomes annoncés. Quatre sportifs, une journaliste, une communiste : nous suivrons leurs actes de bravoure, leurs amitiés et leurs amours durant toute la seconde guerre mondiale. La seconde partie propose de suivre l'un d'entre eux, Emile Berger, alias Milou, qui trône en couverture avec un faux-air de Sylvester Stalone, alors que sa personnalité « frondeur au grand coeur » le confond en réalité plus volontiers avec celle de Lino Ventura. On relève à son sujet une jolie bourde éditoriale : il s'appelle Berger tout au long de l'album, mais Soubise en 4ème de couverture. Cette seconde séquence s'intéresse aux premières semaines de guerre, focalisant sur l'engagement de ce coureur cycliste à bord d'un char d'assaut dans la ville de Stonne des Ardennes, où se déroulent les combats. Bonne nouvelle : sans se départir de son érudition, Pécau se montre plus fluide que jamais sur le plan narratif. Le dessin de ce premier tome a quant à lui été confié au serbe Brada, pour une partition graphique réaliste sérieuse quoique impersonnelle, proche du style Kordey, pour rassurer les fans de Pécau. Espérons que le dessinateur Benoît Dellac parviendra à restituer les traits – et donc la psychologie des six personnages – pour assurer la continuité dans le second volet, déjà annoncé pour début juin 2014...