L'histoire :
Lila est une fillette élève de CM1. Elle est joviale, dynamique, porte une grosse tignasse rousse et depuis cet été, elle a... les seins qui poussent ! En fait, ce sont ses copains qui ont remarqué ça à la rentrée. Du coup, elle s'est bien observée dans le miroir en rentrant et effectivement, ça lui fait comme deux petites boules sous les tétons. Elle est toute fière de sa poitrine, même si elle ne sait pas trop comment ça se gère... Elle ne peut évidemment pas se fier à son frère aîné, Driss, systématiquement moqueur. En revanche, sa mère, qui a de gros nénés – c'est d'ailleurs son atout n°1 auprès de la gente masculine, étant donné qu'elle a divorcé de son papa – la rassure aussitôt : ils vont aller acheter une brassière. Une brassière, c'est le premier truc qu'on porte dans ces cas-là. C'est confortable et ça cache un peu les bourgeons mammaires, sans les gêner. En attendant, Lila fait des rêves complètement idiots dans lesquels elle s'imagine avec des seins énormes, que ses copains de classe dégonflent avec une punaise. Le mercredi, au moment du cours de sport, elle est la vedette dans les vestiaires des filles. Elle est en effet la première de sa classe à porter une brassière ! Une fille lui fait remarquer qu'elle aurait pu acheter des triangles. Heing ? Des triangles, mais kéceussé ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sous ses aspects de BD jeunesse sans prétention, la petite Lila constitue un formidable biais pour parler d'un sujet sensible aux petites filles : la puberté. La problématique centrale est en effet vite posée : Lila est la première de sa classe de CM1 à avoir les seins qui poussent ! Ce phénomène ne la complexe pas outre mesure, il ne l'incite pas non plus à se lancer dans des plaisanteries douteuses. Sans jamais être nunuche, sans jamais être grossier, les auteurs mettent en scène cette semaine cruciale pour leur héroïne. De la recherche de brassières aux soutiens-gorges, en passant par la réaction de ses proches, l'ensemble forme une histoire complète. Tantôt, Lila consigne sa vie par écrit dans un carnet intime, ce qui confère à l'album des accents des Carnets de Cerise. Et tantôt, quand le propos le nécessite, une pleine page pédagogique synthétise quelques explications, via un vocabulaire parfaitement adapté, comme si Lila compulsait une encyclopédie de son âge. Tout du long, les impressions de Lila sont transparentes et ses réactions paraissent naturelles et toujours bon-enfant – ses angoisses, ses doutes, mais aussi ses moments blagueurs. Étant donné que le dessin fin, caricatural, soigné et expressif de Pauline Roland est parfaitement raccord avec le ton, cet ouvrage original et néanmoins peu évident à doser est une vraie réussite. Les auteurs poursuivront-ils sur un deuxième tome, concernant le problème intime suivant ? Dans tous les cas, si tu as entre 9 et 15 ans, Lila, lis-la !
