L'histoire :
Tôt le matin, dans l’obscurité de sa chambre, Louis est déjà habillé, assis sur son lit, attendant impatiemment qu’un rayon de soleil daigne apparaître à l’horizon. 7h35… ça y est enfin : c’est le jour ! Il fonce réveiller son papa, en lui tirant l’orteil (ça ne marche pas) et finalement en lui chatouillant la plante des pieds avec les oreilles de son âne-doudou. Petit rappel des promesses de la veille : aujourd’hui, on va à la plage. Devant l’opiniâtreté du fiston, le père se lève, prépare et prend le temps d’ingurgiter son café. Louis n’en peut plus d’attendre, trépigne, et finit par s’endormir dans la cuisine. Puis c’est le départ, en voiture. On se gare, on décharge, on repère le marchant de glace qui érafle une voiture voisine, la famille qui pique-nique un peu plus loin, puis il faut tout porter par-dessus la dune, pour s’installer, enfin, face à la mer ! Vite : torse nu, le ballon et… zut, le papa fait déjà farniente sur sa serviette de bain. Tant pis, Louis jouera tout seul, balançant sa balle sur une dame topless, au grand bonheur du papa. Plus loin, il y a ce petit gros dont la morve coule dans le cornet de glace, qui regarde, amorphe, planer son cerf-volant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après les joies des sports d’hiver (dans Louis au ski), Guy Delisle remet en scène son petit héros, un gamin normal avec des aspirations de gamin normal, cette fois sur la thématique estivale et selon un mode narratif strictement identique. A savoir : des pages découpées selon un « gaufrier » monocorde (sur un gabarit de 20 cases carrées par planche) et entièrement muettes. Moderne et jubilatoire, l’exercice est cher à Lewis Trondheim, qui avait initié ce type d’expression visuelle particulière dans ses Mister i et Mister o, et qui lui fait naturellement place au sein du catalogue Shampooing dont il a la charge. Le petit Louis passe donc une journée entière à écluser consciencieusement les différents piliers du thème : le ballon, le cerf-volant, la baignade, le cornet de glace, le château de sable, la partie de raquettes, le filet de pêche… n’hésitant pas à embrasser franchement des aléas fantasmagoriques (ex : le type emporté par le cerf-volant, le doudou qui surfe, ou les aventures sous-marines et à l’intérieur du château de sable). C’est amusant, on sourit, on feuillette vite, car la simplicité du trait, synthétique au possible, n’incite guère à la contemplation… Assurément réussi, bien que fort peu ardu, l’exercice peut être ainsi appliqué avec la même recette à une très large palette de sujets.