L'histoire :
Un beau matin, alors qu’il fait encore nuit, Louis est tiré du lit par son papa qui l’habille en toute hâte et l’emmène en voiture. Papa est tellement pressé de partir qu’il en oublie le doudou de Louis. Une halte. Un copain du papa et son fils montent dans la voiture. Le fiston, plus âgé que Louis, n’est guère causant. Il joue à sa console portable durant tout le trajet en ignorant ce « bébé » qu’est Louis. Enfin, la voiture s’arrête… dans une station de sports d’hiver. Les papas enfilent leurs skis, le copain embarque son surf et branche son walkman. Après de vagues recommandations, tout le monde abandonne Louis pour s’adonner égoïstement aux joies de la glisse. Esseulé, Louis essaie bien de skier en compagnie de son nouveau « copain » surfeur, mais ce dernier est trop rapide pour lui et pour ses gros virages prudents. En voulant le suivre sur une piste bien trop pentue pour son niveau, Louis prend sa première gamelle de la journée. Quand il se relève, il est totalement seul, il a déchaussé et un de ses skis a glissé jusque dans une sombre forêt…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Louis au ski s’inscrit dans la lignée des histoires sans parole, inaugurées dans la collection Shampooing par Lewis Trondheim (directeur de cette même collection) avec ses Mister i et Mister o. Ici, c’est le récit élémentaire d’une journée extraordinaire au ski pour un petit garçon, dont le titre nous apprend qu’il se prénomme Louis. Avec ce one-shot, Guy Delisle s’essaie donc à un exercice difficile, dont il se sort très bien : celui de trouver une mise en scène suffisamment expressive pour qu’elle suffise à elle seule à raconter une histoire sans avoir recours aux phylactères (les bulles). Et ça marche ! A l’aide du seul dessin, Delisle parvient à transmettre les peurs enfantines classiques avec une grande justesse. Quiconque a des souvenirs de ses premières fois sur des skis, retrouvera les sensations et les phobies des sports d’hiver : les skis qui se croisent, la perte de vue de ses proches, les premières chutes en tire-fesses, les prises de vitesse inconsidérées, les engueulades dans les queues aux remonte-pentes… Certes, il y a bien une petite dichotomie entre l’âge d’être lâché seul sur une piste de ski et celui d’avoir encore besoin de son doudou. Mais sincèrement, au vu de ce type d’exercice, on s’en fiche pas mal. Certes, avec ce dessin hyper naïf, cela se lit un peu vite. Mais à raison d’un rythme régulier de 20 cases carrées par planches, sur un total de 46 planches, ça fait tout de même 920 cases !