L'histoire :
Vainqueur, sans concurrence, du Trophée Schneider 1931, avec son sublime hydravion S6.B, la firme Supermarine est contactée par le ministère de l’air afin de fournir un nouvel avion de chasse à la Royal Air Force, face à la menace de réarmement en Allemagne. L’ingénieur Reginald Mitchell, génial créateur du S6.B se met aussitôt au travail, associant les grandes connaissances de l’aérodynamiste Berverley Shenstone, au fabuleux moteur Merlin, de chez Rolls-Royce. Malheureusement, le mal qui ronge insidieusement Mitchell ne lui laisse guère d’espoir ni de temps. Quatre années, tout au plus, selon les médecins. Pour autant, en mars 1936, le pilote d’essai Jeffrey Quill prend les commandes du prototype du Spitfire MKI, qui ne répond pas encore aux attentes du ministère. Alors Mitchell et son équipe se remettent au travail jusqu’à dépasser les spécifications désirées, alors que la guerre semble être inéluctable. Mais le ministère lui préfèrera le valeureux Hawker Hurricane, en ne commandant qu’une petite quantité du MKI, malgré les recommandations de Winston Churchill, alors député à la Chambre. Et quand la guerre éclate, en septembre 1939, ce sont les Hurricane qui sont envoyés sur le front français, alors que les escadrons de Spitfire restent en alerte sur le sol britannique. Le temps pour eux de parfaire leurs derniers défauts de jeunesse avant de faire parler la poudre en 1940, lors de l’opération Dynamo, l’évacuation du corps expéditionnaire anglais de la poche de Dunkerque, puis lors de la Bataille d’Angleterre, où il forgera sa légende…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Spitfire, « le cracheur de feu », parmi les nombreuses traductions offertes, est celle qui convient certainement le mieux à cet avion emblématique. Un surnom qui claque comme un coup de feu, pour le plus beau et le plus légendaire des wardbirds de la seconde Guerre mondiale, aux yeux de nombreux spécialistes, tant cet appareil contribua à apporter à l’aviation, particulièrement à la chasse, les caractéristiques des avions modernes. Et cette image, il la doit principalement à ses lignes aérodynamiques et à sa puissance moteur, directement issues des hydravions de course de la Coupe Schneider, lors des années 30. Reconnaissable entre tous les avions du conflit, par la pureté de ses lignes et ses ailes elliptiques d’une finesse absolue (dans ses premières versions), celui que l’on appelle aussi « la demoiselle du ciel » a vu son destin intimement lié à celui de son génial et tout jeune créateur, Reginald Mitchell. Il était donc logique que les auteurs nous livrent le côté humain de l’appareil naissant, alors que son géniteur était condamné. Et ils le font magnifiquement bien, de manière historique et quasiment chronologique. Les quelques flashbacks amenant malheureusement une petite erreur, quand, en 1938, Jeffrey Quill demande des nouvelles de Mitchell, décédé en 1937… Les informations sont faciles à comprendre et surtout pas rébarbatives quand elles deviennent très techniques, le tout parfaitement aidé par des personnages attachants, dont les traits ressemblent à ceux du défunt Arno (Les aventures d’Alef-Thau, Anton Six…). Les couleurs pastel et légères retransmettent bien une certaine idée de l’époque, à l’image d’un ciel écossais au printemps. La mise en page et les cadrages alternent allègrement entre plans serrés et techniques. Les détails sont parfaits, sur un train d’atterrissage qui rentre, une flamme d’échappement, le regard d’un pilote, la main sur le manche ou, exercice ô combien difficile en aviation, sur l’effet de rotation de l’hélice. Quant aux plans très larges, on y chavire avec nos Spitfires évoluant dans un ciel pur, ou encore en montée absolue, le sol se dérobant sous les ailes. À ce niveau, seul Romain Hugault, la référence en matière de BD sur l’aviation d’époque pourra tenir la comparaison. Enfin, les quelques pages de fin, qui alimentent l’histoire par de très beaux croquis, mais aussi quelques explications historiques, vous permettront de (presque) tout savoir sur le Spit. Pour l’histoire, cet appareil se tira la part du lion en 1940 face au valeureux Hurricane, qui fut pourtant le véritable cheval de bataille de la RAF durant la Bataille d’Angleterre. Malheureusement pour lui, il n’était pas aussi beau que la « lady »…