L'histoire :
Pendant l’été 2014, Mahar, un jeune Yézidi, ne se doute pas que sa vie va prendre un tournant tragique et dramatique. L'État islamique prend en effet position un peu partout en Irak et se livre à des massacres contre les communautés, n’acceptant pas leurs principes. C’est aussi à cette époque que les forces de l'État islamique envahissent le village de Mahar et transfèrent hommes, femmes et enfants dans des lieux où ils seront retenus captifs. Les hommes sont tous fusillés, les femmes vendues et les enfants sont répartis entre différents groupes pour commencer une longue période d’endoctrinement pour rejoindre les rangs de Daech. Entre les nombreux transferts d’un camp à un autre, les entraînements au combat, les apprentissages du Coran et des principes islamiques, Mahar commence peu à peu à perdre pied. Le lavage de cerveau a fonctionné, désormais le jeune homme est un lionceau du Califat, prêt à donner sa vie pour combattre les mécréants… Mahar est devenu un enfant soldat.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La journaliste Anne Poiret s’associe au dessinateur Lars Horneman pour livrer un récit documentaire et percutant sur les enfants soldats de l’Etat islamique. Partie à la rencontre de Mahar suite à son sauvetage organisé par son père, Anne Poiret raconte avec beaucoup de détails et d’éléments géopolitiques le destin de ce garçon enrôlé de force et endoctriné. Elle met l’accent sur les différentes conquêtes de Daesh et sur leurs méthodes barbares utilisées pour accroître leur domination dans les régions irakiennes. La division en chapitres distincts permet au lecteur de comprendre le cheminement d’esprit de Mahar mais aussi les techniques utilisées par les combattants de Daesh. Dans un certain sens, l'écrit de Anne Poiret peut être mis en relation avec le documentaire de Jérémie Dres Le jour où j’ai rencontré Ben Laden. Les deux auteurs ont entamé une démarche complexe et importante, celle de comprendre comment une personne peut être prise dans les mailles du filet de la corruption et de l’endoctrinement. Au dessin, Horneman propose une composition simple et sèche, exempte de détails et un peu brouillonne, mais qui fait miroir à la thématique de l’écrit : quelque chose de dur, de froid et de sombre. Un documentaire important et touchant sur ces jeunes soldats privés de leur enfance.