L'histoire :
Jacques Berdemol est PDG d’une usine d’aliments pour chats, qui est en train de péricliter, le pâté « Maharadchat ». Les bénéfices sont en berne, il a les syndicats sur le dos, une procédure de liquidation judiciaire à gérer et il ne supporte plus la vue d’un chat. A tel point qu’il s’arrange pour en buter au moins un par jour. Le maire de la ville se glorifie certes de lui envoyer une délégation de coréens potentiellement acheteurs, Berdemol veut tout liquider pour se barrer de cette vie de merde. En secret, il a acheté des parcelles de vignes sur une île de l’Adriatique, où il veut monter une entreprise de pinard. Il revient d’ailleurs d’un petit voyage d’affaire, lors duquel il en a profité pour se saouler la gueule lors d’une soirée dansante sur la plage de son hôtel club. Voilà Jacques Berdemol : la cinquantaine, bedonnant, violent, alcoolo, escroc et aussi un peu pervers sexuel sur les bords. D’ailleurs la jeune et jolie nouvelle secrétaire à gros seins qui vient d’arriver à l’usine le met dans tous ses états. Il n’était pas au courant que sa vieille Micheline était partie en retraite pendant son congé et que sa nièce Jessica la remplaçait. Il s’imagine déjà en train de courir main dans la main dans les vignes avec elle… En marge de ce fantasme, un chômeur looser célibataire, Désiré Bignous, reçoit un courrier de confirmation pour un poste chez Maharadchat. Il est le nouveau « nez » du laboratoire. C’est-à-dire qu’il est chargé de sentir les crottes de tous les chats testeurs d'aliments, pour en évaluer l'odeur. Car le secret d’une alimentation à succès réside dans l’acceptabilité des déjections félines par les propriétaires consommateurs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chouette un nouveau Lupano ! Et c’est encore une pure joie de lecture. « Une immersion sans concession dans l’univers injustement méconnu de l’agro-alimentaire félin » nous dit la quatrième de couverture. C’est exactement cela, avec de grosses louches de parodie sociale et d’humour cynique, que renforce avec bonheur le dessin semi-réaliste et expressif de Relom. Deux personnages de loosers se partagent ici parallèlement la vedette, dans un même contexte. Primo, Berdemol (quel nom !) cumule les tares d’être un quinqua escroc, obsédé et meurtrier en série de chats. Il ne supporte plus les félins, car il est directeur d’une usine de pâté (dégueulasse) pour chats, avec des recettes qui se contentent de recycler toute la merde que l’industrie agro-alimentaire ne veut pas, en lui donnant une saveur et une étiquette marketing. Or déterminer la saveur du pâté pour chat qui produit les déjections les plus acceptables, c’est précisément le nouveau job de l’autre personnage de l’histoire, un looser dépressif qui sort d’une longue période de chômage. Ajoutez à cela des investisseurs coréens, un politicard véreux (pléonasme) et une héroïne (en couverture) qui vient miner la situation avec son groupe d’activistes, vous obtiendrez un petit bijou burlesque et folklo. Un vague sujet de fond aborde les sujets à la mode des vegans et de l’antispécisme… mais l’objectif principal est d’amuser la galerie. Et c’est parfaitement atteint.