L'histoire :
Philadelphie, Octobre 1876, Marshall Bass arpente les chemins étroits de l’exposition universelle. Il s'arrête boire une bière avec le colonel à proximité du pavillon français qui exhibe fièrement la torche de la statue de la liberté. Profitant de l’ambiance cordiale, le colonel Helena demande à Bass depuis combien de temps il n’est pas rentré chez lui, auprès de sa femme et ses enfants. Sujet sensible pour le Marshall qui s’empresse de finir sa bière et de se lever. Dans la précipitation, il heurte un bourgeois blanc qui, outré de se faire bousculer par un noir, s’empresse de faire la morale au Marshall. Prenant sa défense, Helena présente ses excuses et évite au Marshall la punition du fouet. Les deux hommes se séparent et le Marshall continue seul l’exploration de l’exposition universelle. Il glisse alors sa main dans sa poche de veste, il s’aperçoit que quelqu’un y a glissé un papier. Ne sachant pas lire, il demande naïvement à un couple de bien vouloir lui lire le mot. Outré qu’un noir leur adresse la parole, le couple crie au voleur. Les pandores embarque le Marshall, sans omettre de lui taquiner le foie avec leur matraque. Arrivé au poste, le lieutenant Schutz est très surpris d’avoir affaire un Marshall noir. Bass apprend du lieutenant que le colonel Helena est parti à Washington pour mener l’enquête sur la mystérieuse morte d’un membre du Congrés. D’après les informations fournies, le tueur serait un homme borgne. Et comme le hasard fait bien les choses, il serait à Philadelphie. Il n’en fallait pas plus au Marshall pour proposer son aide...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Darko Macan et Igor Kordey livrent un 5ème opus du Marshall Bass, flic noir dans la période ségrégationniste américaine de la fin du XIXème. Ce personnage difficile à décrypter tant sa personnalité est complexe, se frotte aux criminels des grandes villes. Après avoir écumé les routes poussiéreuses du Far Ouest, le premier Marshall noir se confronte à la civilisation urbaine : Philadelphie. Marcan nous place habilement en 1876, date de l’exposition universelle de Philadelphie. Cette exposition est organisée à l’occasion du centenaire de la déclaration d’indépendance. D'ailleurs, c’est lors de cette exposition qu’est présentée au public la flamme de la statue de la liberté. La statue sera mise en place dix ans plus tard. Et c’est dans ce décorum festif que nous retrouvons le Marshall. Le scénario part du meurtre barbare d’un membre noir du congrès. Le tueur a été rapidement identifié car il est borgne. La mise en place de l’intrigue manque un peu de finesse car, même si le lieu de Philadelphie est très bien choisi, un sombre meurtre à Washington, dont le colonel Helena à la charge, voit le meurtrier se réfugier à Philadelphie, lieu où se trouve Bass. La belle affaire... Cependant, une fois l’intrigue calée, la mécanique de l’intrigue est très bien huilée. Ce tome propose une histoire individuelle, qui ne nécessite pas de lire les tomes précédents pour la comprendre. Il pose néanmoins quelques bases pour l’intrigue générale de la série, avec la fameuse famille Defoe. Kordey livre un dessin dans le même style graphique et du même niveau que les précédents opus. Comme à son accoutumé, les doubles pages sont superbes. Le dessinateur est autant à l’aise pour les décors de l’Ouest que celui des grandes villes. L’ambiance oppressante des bas fond de Philadelphie est très bien rendue au lecteur.