L'histoire :
1875, dans l’état d’Arizona, le premier US Marshal noir, River Bass, prend du bon temps dans la petite ville de Dryheave. Il a pour mission de retrouver Timothy Brown, un tueur en série qui prend pour cibles des jeunes femmes célibataires et enceintes, puis récupère les nourrissons de ses victimes pour conquérir la suivante. Alors qu’il recherche sa prochaine victime, Brown demande refuge dans une ferme. Bien mal lui en prend, car il y trouve une famille d’origine hollandaise plus redoutable que lui. Les Vanderkolk hébergent les voyageurs exténués et leur offre un bon repas. Profitant de leur fatigue, ils les tuent pour les détrousser. Les affaires ainsi récoltées sont vendues dans les villes aux alentours. Brown ne fait pas exception. Il est achevé sous les yeux d’un indien se reposant sous un arbre. Au même moment, Marshal Bass doit faire face à Turtle, un chasseur de prime. Car suite à ses exploits du premier tome, sa tête a été mise à prix par la famille Defoe. Par un concours de circonstance, Bass, Turtle et l’indien vont partager la même cellule dans la prison de Dryheave. A ce moment, Bass apprend de l’indien que Brown a été tué par la famille hollandaise. En sortant de cellule, Bass va mener l’enquête sur la disparition de Brown et sur le petit commerce de la famille Vanderkolk. Dernier coup du sort, notre Marshal, en position de chasseur chassé, va tomber sous le charme de Sabien, la fille Vanderkolk. Il se retrouve ainsi coincé entre ce que lui dicte son cœur et la loi…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En voilà un scénario qui décoiffe. Le scénariste Darko Macan a imaginé un scénario glaçant qui n’a pas à pâlir devant un épisode de la série Criminal Minds. Si vous pensiez qu’en découvrant les lourds secrets de Brown vous aviez vu le pire de l’album, retenez votre respiration quand vous découvrirez les petits secrets de la famille Vanderkolk. Cet opus sous forme d’histoire intégrale, est beaucoup moins axé que le premier tome sur la condition des esclaves et des afro-américains aux États-Unis en 1875. Cependant, certains passages reflètent bien la mentalité de l’époque, comme la brutalité, la vindicte populaire ou encore le manque de respect pour un homme noir, quand bien même il a un statut d’homme de loi. L’intelligence du scénario réside dans un savant mélange entre la noirceur du récit et le comique apporté par un des personnages. Effectivement, l’introduction du personnage de Turtle, délicieusement imbécile, vient contrebalancer la dureté du récit. Le dessin d’Igor Kordey est toujours très nettement influencé par ses années de comics. Cela se ressent dans les cases d’actions, ou encore sur l’accentuation particulière des visages des personnages. Encore une fois, une savante alchimie se forme entre les cases d’action peu détaillées et les cases statiques ultra détaillées. Mention spéciale sur la superbe double page 31-32 extrêmement détaillée, avec une très belle perspective de la ville de Dryheave. Evidemment, avec un scénario comme celui-ci et un dessin aussi bien exécuté, la plèbe en redemande et l’éditeur l’a entendu. La série initialement prévue en deux tomes sera prolongée. Il est toujours dangereux de « rallonger la sauce », mais au vu de ce que les auteurs ont produit avec cet opus, ils maitrisent leur sujet.
