L'histoire :
Depuis un carrosse qui sillonne les routes italiennes, Mausart écrit une énième lettre à sa chère et tendre Constance. Il a accepté une tournée en Italie sur aimable proposition de son ami Salieri… Etait-ce une manœuvre pour l’éloigner de la cour de Vienne ? Toujours est-il que sa tournée touche à sa fin, avec la dernière étape : Venise. Il doit y donner un concert, alors même que le carnaval battra son plein. Dès qu’il arrive dans la cité des doges, le compositeur découvre non seulement l’architecture unique de cette ville lacustre, mais aussi une incroyable ébullition. Des festivaliers sont venus en nombre, déguisés, masqués, richement vêtus et ils fourmillent autour des ruelles, ponts et canaux. A sa descente de carrosse, Monsieur Lopar (un chat !) accueille chaleureusement Mausart (une souris…), avec des yeux qui mêlent l’admiration à… l’appétit. Lopar le conduit jusqu’à son appartement, aménagé spécialement pour lui. Il lui propose un peu de repos, avant de l’emmener pour une visite guidée de cette incroyable ville. Celle-ci débute en prenant la direction de la place Saint-Marc, au beau milieu de l’agitation légitime qui l’anime en cette période de carnaval…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Gradimir Smudja est un artiste aussi talentueux que fou ! Ce tome 2 des aventures de Mausart – comprendre Mozart interprété de manière zoomorphique, sous les traits d’une souris – ne semble avoir été composé par le scénariste Thierry Joor que pour permettre au dessinateur serbe de s’adonner à un challenge de stakhanoviste : la peinture de Venise en plein carnaval au XVIIIème siècle. La prouesse consistant à dessiner la moindre tenue costumée, portée par des animaux de toutes sortes, fourmillant dans une cité dont le faste de l’architecture n’est plus à vanter, culmine avec la case pleine-page 13. Et pas que ! C’est un fou, Gradimir Smudja. La générosité du dessinateur pour les détails et le remplissage des vides est son péché mignon. Et il travaille tout à la peinture, à l’ancienne, avec une surdose de teintes, selon des points de vue savamment composés, qui agissent sur l’œil comme autant de tableaux de maîtres. Même lorsque Mausart se promène en pirogue, Sumdja dessine les animaux marins qui festoient sous la surface. Il est fou, Gradimir Smudja. L’œuvre picturale prend totalement le pas sur l’histoire qui, avouons-le, malgré le réel soin littéraire apporté au texte, n’a pas grand intérêt. Le compositeur va même jusqu’à rencontrer le célèbre luthier Antonio Stradivari (mort 20 ans avant la naissance de Mozart) en une séquence à l'onirisme pratique. A vrai dire, le lecteur décroche des narratifs et des dialogues à chaque case, désireux de laisser son œil virevoltant lui dicter sa propre narration. Gradimir Smudja est un fou.