L'histoire :
En 2030 à Los Angeles, le « criminagent » Milo Deckman est tranquillement en train de déjeuner, lorsqu’un appel du central lui demande d’aller récupérer un cadavre. Sur la route, il assiste en direct au meurtre d’une jeune femme en pleine rue, par deux hommes en costumes qui s’enfuient au volant de leur voiture. Milo s’arrête mais il est trop tard. Il prévient le central et attend le légiste afin de débuter l’enquête. Les analyses révèlent alors deux surprises. Primo, l’impact de la balle dans le cou de la victime est totalement inédit. Deuxio, l’identification rétinienne analyse deux identités ! Milo convoque logiquement les deux maris, pour savoir lequel est le bon. Le premier se nomme Nesbitt, un scientifique renommé mais tourmenté, qui reconnaît sa femme auprès du légiste. Scrupuleux, Milo accompagne néanmoins le second mari lors du scan, afin que celui-ci lui confirme qu’il ne s’agit pas (logiquement) de sa femme, et que la machine s’est trompée. Or, voilà que le second mari reconnait lui aussi sa femme et fond en larmes. Commence alors pour le criminagent Milo une sombre enquête ponctuée de complots…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A première vue, on peut penser que Milo joue la carte du polar futuriste, dans le même registre que Minority Report. Pas tout à fait, ce serait bien trop restrictif pour ce premier tome qui sait se montrer particulièrement efficace. Pour le synopsis, un enquêteur spécialisé dans les crimes (un « criminagent », donc) tombe bon gré mal gré sur une affaire beaucoup plus complexe que d’ordinaire. Dans cette mise en bouche, le scénario s’avère très bien découpé, d’une limpidité idoine, et le besoin impérieux de percer le mystère en compagnie de Milo le rend particulièrement captivant. Qui est réellement la jeune femme qui a été assassinée ? Quel rôle jouait-elle auprès des deux hommes auxquels elle était sensé être mariée ? Qu’est-ce que c’est que c’t’embrouille ?? On apprécie aussi le caractère de ce flic un peu taciturne mais attachant, par son caractère franc du collier. Les zones d’ombre sont encore nombreuses et les rebondissements nous laissent à penser que le meilleur est à venir. Un début classique mais bien maitrisé, en somme. L’univers visuel de Philippe Scoffoni aurait facilement pu sombrer dans le tape-à-l’œil qu’on retrouve trop souvent au sein des récits futuristes. Le dessinateur a l’intelligence de ne pas trop en faire, préférant jouer la carte d’un cadre réaliste d’anticipation possible, rehaussé par une colorisation sobre, quasi bichromique, rendant le tout encore plus crédible. Ce premier tome est une bonne introduction et laisse espérer une suite encore meilleure !