L'histoire :
En 1943, à Paris, la répression est terrible envers les résistants en armes qui combattent l'occupant et les autorités légales. Parmi ces groupes, il y a les Francs-Tireurs et Partisans Main d'Œuvre Immigrée, dénommés FTP-MOI, qui regroupent les étrangers aux côtés du parti communiste. Une réunion dans l'arrière-salle d'un bar entérine le fait que Missak Manouchian, alias Georges, va devoir prendre la tête d'un nouveau groupe de combat, face aux nombreuses pertes dans leurs rangs. La tâche est énorme pour le jeune poète arménien, mais les attentes du parti ne se discutent pas. Avec l'aide de contacts au sein de l'organisation, Missak va pourvoir recruter les quarante volontaires dont il a besoin. La première opération consiste à attaquer à la grenade un petit groupe de soldats, en plein jour dans la capitale. Trois volontaires, un seul pistolet et des vélos pour la fuite. Réussite totale, et fierté pour Manouchian, qui rapporte à son supérieur le goupille en guise de preuve. Mais il a remarqué qu'un homme a observé toute la scène, et se demande s'il ne s'agit pas d'une forme de police du parti qui garderait un œil sur ses agents, même dans les actions les plus risquées. C'est le début d'une série d'actions courageuses. Le PCF, qui suit les consignes politiques de Moscou, n'hésite pas à faire courir des risques insensés à ses membres résistants. Tandis que la police française s'acharne sur ces groupes de combattants de l'ombre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La densité de ce récit passionnant est double, puisqu'il nous permet de connaître Missak Manouchian et les résistants qui gravitaient autour de lui, alors que son entrée au Panthéon a fait la Une de l'actualité, en même temps qu'il décrit les tactiques politiques qui conduisaient le PCF à prendre ses décisions concernant les actions armées. On est loin du pur romantisme des actions courageuses, les enjeux ne sont de toute évidence pas seulement de vaincre l'occupant. Le rôle futur du parti communiste, son influence après la libération, dictent de nombreux choix, parfois au prix de sacrifices supplémentaires. Jean-Pierre Pécau mène parfaitement les deux dimensions, la profondeur historique et les actions d'éclat, citant au fil du récit de nombreux noms célèbres, de futurs grands responsables syndicaux français ou des artistes de renom. Le dessin d'Edoardo Ocaña est parfait de solidité et de précision. On ne lâche pas cet album après une première scène déja très accrocheuse. Les rôles des compagnons de Missak, de sa femme Melinée panthéonisée avec lui, ne sont pas minimisés. Toutes les scènes de préparation, de désaccord ou de prise de décision sont très bien rendues et très crédibles. On sent toujours la pression incroyable qui pèse sur ces hommes et ces femmes, impressionnants de détermination. Un moment d'Histoire remarquablement raconté.
