L'histoire :
Mona Street est une étudiante américaine que tout le monde prend pour une jeune ingénue mais qui, en réalité, est experte des plaisirs sous toutes ses formes. Elle entre dans un pensionnat de jeunes filles dirigé par une directrice et des professeurs aux mœurs très libres. Les adultes pensent apprendre beaucoup de choses à Mona qui se prête volontiers à leurs ébats et jeux coquins, en riant secrètement. Car c’est elle qui mène le jeu. Mona tient également un journal (très) intime et raconte toutes ses expériences sexuelles, toutes plus osées et incroyables les unes que les autres : son expérience dans une maison close et sa découverte des plaisirs exotiques dans différents pays, sa partie de billards très particulière, sa découverte de Venise et d’une secte qui punit d’une drôle de façon les femmes délurées, son voyage sur une plage française. Mona est tout sauf innocente et prend son plaisir en feignant l’ignorance et se soumet à toutes les perversités des hommes et femmes qu’elle rencontre.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Leono Frollo est un artiste italien spécialisé dans les œuvres érotiques, entre la beauté lisse des femmes de Manara et le noir et blanc de Crepax. Son œuvre maîtresse (c’est le cas de le dire…) est Mona Street puisqu’il reviendra à trois reprises (entre 1980 et 2001) à ce personnage jeune aux cheveux bouclés et au visage d’ange, mais aux mœurs très libérées. Imaginez que l’héroïne de Caroline Quine, l’Alice de la bibliothèque Verte (et non Rose!), devienne soudain une redoutable nymphomane et vous aurez une belle vision de ce qu’est Mona. D’ailleurs, des visions, le lecteur en est abreuvé à force de plans plus que suggestifs sur le sexe féminin. Entre deux conversations autour d’un thé, il n’est pas rare qu’une jeune femme de la haute écarte les jambes pour mieux montrer ses bas… Les ébats entre femmes sont légion et toutes sont atteintes d’une frénésie qui ferait rêver bon nombre d’hommes. Mais le plaisir devient encore plus vif grâce aux chutes de chaque mini histoire (sans oublier les magnifiques chutes de reins de Mona et de ses délicieuses amies !) : les surprises finales sont savoureuses et la fausse naïveté de l’héroïne rend le récit encore plus excitant (beaucoup de personnages se font d’ailleurs piégés par sa fausse candeur). L’ensemble est finalement assez classique dans les enchaînements des récits coquins, avec des personnages stéréotypés, tout droits sortis de romans érotiques de gare : la soubrette aux gros seins, la directrice sévère et sadique, la nièce surexcitée, le galant aux mœurs fines, le notaire maître-chanteur… Cependant, les dessins de Frollo sont ultra léchés (hum…) avec une nette maîtrise des visages et courbes féminins. Le noir et blanc est impeccable, mais le crayonné aux couleurs plus chaudes ( !) est encore plus sensuel et n’a rien à envier aux talents du maître de l’érotisme glacé, Milo Manara. L’œuvre est finalement une œuvre érotique classique, au texte efficace (pour les hommes surtout) et au dessin plus que suggestif et stimulant (pour l’homme encore). A ne pas lire pour l’histoire… mais après tout, quand on a ce genre de BD entre les mains, l’histoire, on s’en…