L'histoire :
Duane et Cameron pensent à la mort, à demi-saouls, dans une taverne. Normal, ils commencent à être vieux et on ne sait pas vraiment quand ils ont commencé leur route. Alcooliques, belliqueux, ils portent sur les gens un regard intrigué alors que leur imaginaire est nourri de préjugés. Ils tracent leur route, à la recherche de la mère de Cameron, pillant les tombes pour trouver de quoi manger et surtout boire. Leur voyage va prendre un tour spécial lorsqu’ils vont rencontrer une magicienne, quasi immortelle, Claire Woodward. Elle a déjà vécu 3 vies, il lui en reste 5 à vivre. Claire est probablement plus vieille qu’eux mais a l’air d’une jeune femme. Elle est mystérieuse, disparaît parfois, mais porte sur les choses et les êtres vivant un regard dénué de filtre, un regard d’enfant qui lui permet d’aimer toujours, malgré les horreurs de la vie. Tous les trois continuent d’avancer sans véritable but, dans un monde enchanté dont ils sont apparemment (les mecs en tout cas) blasés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Philippe Squarzoni est à la BD ce que Chris Waddle était au foot : il vient de réaliser le contrepied parfait. Car d’ordinaire, Squarzoni est un habitué des chroniques sociales, des bandes dessinées engagées sur des sujets de société brûlants (le conflit israélo-palestinien dans Torture blanche, l’écologie dans Saison brune…). Avec Mongo est un troll, le lyonnais nous livre un récit d’errance complètement décalé, dans un monde d’heroïc-fantasy poussé ! Nous voilà embarqués sur les pas de deux vieux mecs portés sur la bouteille et la baston. Ils vivent dans un monde peuplé de gnolls, gobelins, kobolds (« On n’a pas idée ! Une tête pareille ! Tout en long comme ça ! Avec ces cornes à la con, là ! »), araignées géantes, etc. Duane et Cameron, les deux vieux, ne sont pas philosophes, mais ils discutent de tout et de rien. Les dialogues, très modernes, participent au décalage complet et récurrent. On apprend leur monde grâce à leurs discussions qui sont remplies de préjugés envers les races différentes, grâce aux légendes qu’ils se racontent au coin du feu… Ils portent un regard désenchanté et blasé sur ce monde de différences… Il en naît un effet comique extraordinaire. On se poile devant ces deux vieux grincheux qui pourraient être Walter Matthau et Jack Lemmon, mais qui ont tout de même secrets et zones d’ombre. Deux personnages très attachants, rehaussés par la magicienne qui les ouvre à eux-mêmes, mieux vaut tard que jamais ! En préambule, Squarzoni prévient qu’il a souhaité mêler les influences de Bukowski, Bosch et Bruegel. Graphiquement, ça donne une ligne claire, un trait moyenâgeux et précis et des tableaux bien fournis. L’histoire est admirablement découpée, c’est à la fois beau et facile et lire… Et Mongo dans tout ça ? Une chose est sûre : c’est un troll. Pour le reste…
