L'histoire :
50 000 années avant notre erre. Sous le regard admiratif de deux enfants de la tribu, Laghou taille une pointe de lance dans le silex. Il est reconnu être le meilleur pour cela, ce qui lui vaut de ne pas être trop molesté par ses frères. Chétif et boiteux, il n’a en effet guère de prédispositions pour la chasse, domaine dans lequel les hommes prouvent leurs valeurs. Soudain, sa sœur gravit quatre à quatre les rochers qui mènent à sa grotte en le hélant : ses frères sont revenus de la chasse en portant leur père Mulghar, chef du clan de l’ours, mortellement blessé. Effectivement, tandis qu’il chassait les bouquetins, le patriarche a soudain décidé d’affronter Longuebarbe, le grand bison noir à la tête de la harde d’Olog-Hamra. Bien entendu, face au mastodonte, l’homme n’a pas fait le poids… Ikaméki la soigneuse est formelle : il trépassera dans la nuit. Dans son dernier souffle, entouré de sa descendance, Mulghar demande à ses fils de le venger. Le lendemain, les néandertaliens mettent la dépouille de Mulghar en terre, suivant leur rite funéraire. Puis les 5 fils du chef tentent d’établir un plan pour honorer la demande de leur père. Laghou, remonté comme jamais, y compris. Ses frères rejettent pourtant le frêle façonneur d’armes : il n’est pas de taille, ils iront affronter Longuebarbe sans lui. Laghou espionne donc à distance l’assaut du lendemain. Il assiste ainsi à un ignoble complot : lors d’une fausse charge, les 3 plus vils de ses frères tuent les 2 plus charitables, pour s’assurer de l’exclusivité des honneurs. Sans la protection des chasseurs défunts, Laghou n’a désormais plus le choix : c’est lui qui devra tuer Longuebarbe, pour s’assurer la respectabilité de ses tiers. Pour y parvenir, il part à la rencontre d’un autre clan, capable de façonner des pointes d’une efficacité redoutable, en « cristal de chasse » (quartz)…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une aventure au temps des cavernes ? Vous vous dites sûrement que vue l’époque, cette histoire risque d’être relativement rudimentaire … Détrompez-vous ! Ce premier volume (sur 3 prévus) de Neandertal est loin d’être aussi primitif que l’erre dans laquelle il s’inscrit. Dans la même veine que son premier triptyque Vo’Houna, Emmanuel Roudier réitère une série se déroulant à une époque qui le passionne : la préhistoire. Roudier est un véritable spécialiste de ces âges farouches et lointains, et plus particulièrement du mystérieux homme de Neandertal (la question centrale demeure aujourd’hui d’actualité : pourquoi a-t-il disparu ?). D’emblée, le récit de cette quête initiatique est franchement passionnant et bien plus que simplement didactique. Car si les mœurs et coutumes de l’époque paraissent extrêmement crédible (en tous cas, au regard des connaissances actuelles), le début de cette saga se révèle franchement prenant. En effet, ça n’est pas parce que cela se situe il y a 50 000 ans, que la félonie, le meurtre ou l’orgueil n’ont pas cours… Ce qui débouche sur une véritable intrigue, puis sur le début d’une quête passionnante. Certes, les dialogues en bon français d’aujourd’hui peuvent a priori surprendre… C’est tout de même plus limpide (et agréable) à suivre, que s’il avait du s’agir de pondre des borborygmes intelligibles. En outre, le dessin réaliste de Roudier est de grande qualité. Vastes paysages, mornes territoires, trombines hirsutes, gueules effarouchées… Visuellement, on y croit à 200%, peut-être même encore plus qu’à la grande époque d’André Cheret ! Une excellente surprise qui ravira les amateurs de Rahan et, bien au-delà, les amateurs d’Histoire.