L'histoire :
Castres en 1358, an sept du pontificat du Pape Innocent. Un culte malsain basé sur la profanation du sang propagerait une maladie surnaturelle qui pénètre dans les veines et amène rapidement la mort. On l’appelle : la mort rouge. La région est le théâtre de complexes jeux de pouvoir au sein desquels l’église a d’importants intérêts. Aussi, le Père de Sancy, Prieur de Carcassonne, confit-il l’enquête à l’Inquisiteur Nicolas Eymerich, aussi connu pour ses qualités politiques et investigatrices, que pour sa pratique intensive de l’autodafé. Après une investigation aux pistes sinueuses et dangereuses, Eymerich découvre que Sophie, fille issue de l’union consanguine du Comte Othon de Montfort et de sa sœur, est atteinte d’une étrange maladie du sang. Il découvre aussi que l’intendant du Comte est compromis dans l’organisation de manifestations hérétiques nécessitant la présence de Sophie et de grandes quantités de sang. En 1970, les services secrets de la Havane soupçonnent la CIA de répandre le gène de l’hémoglobine S en utilisant la transduction avec le virus du rhume. Outre la modification du patrimoine génétique d’une personne et de ses descendants, ce gène est responsable de l’anémie falciforme, maladie du sang qui tue une personne très rapidement. C’est une véritable bombe à retardement, car certains auraient trouvé le moyen de déclencher la maladie à grande échelle chez les porteurs du gène…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les romans de Valerio Evangelisti mettant en scène Nicolas l’inquisiteur ont leurs adorateurs et leurs ennemis. Il faut dire que le style travaillé mais faussement complexe d’Evangelisti a de quoi déchaîner la passion aussi bien que l’énervement notoire. Il en sera donc de même pour cette adaptation de qualité de Jorge Zentner, très proche de l’œuvre originale. Elle se prête tellement bien au support bande dessinée, que l’on pourrait se demander laquelle est l’adaptation de l’autre. Un travail très réussi qui bénéficie d’un graphisme remarquable, tant il colle à l’ambiance de l’intrigue. Le trait coupant et contrasté de David Sala est magnifique en tous points. Les visages des personnages sont détonants de caractère, les décors sont criants de recherche et d’atmosphères recherchées. Soigneusement mis en valeur par une colorisation directe fascinante, le tout rend compte d’un travail réussi qui trouvera ses adeptes dans les amateurs de polars médiévaux. Parallèlement, cette adaptation sera certainement sous les feux nourris de la critique ennemie due à la complexité (inutile et facile) de l’œuvre originale…