L'histoire :
En marge du grand tournoi des 108 écoles d’Inu, organisé tous les 9 ans, se déroule un tournoi parallèle de non-moines, permettant à divers guerriers venus de tous horizons de prouver leur valeur au combat. Dans le registre, la petite Nini, de famille animale lapine, excelle ! Dotée d’un sens inné des arts martiaux, elle esquive, virevolte et rétame ses adversaires avec un sens de la chorégraphie certain, en route pour la finale. Elevée depuis plus de 10 ans par ses grands-parents, elle ignore encore sa parenté exacte et notamment le destin exceptionnel de sa mère, disparue il y a bien des années. Pour le moment, ce qui la préoccupe, c’est ce qu’elle a entendu malgré elle entre les étals d’un herboriste. Un complot projette en effet de tuer son vieil ami Yoso, grand maître de la discipline et dernier vainqueur en date, bien que sur le déclin, en le droguant avant son prochain combat. Surprise en train d’espionner cette conversation, elle s’enfuit. Néanmoins, les comploteurs l’ont repérée et la placent dès lors en tête de la liste des obstacles à éliminer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette nouvelle série pas-estampillée-jeunesse-mais-presque, est présentée comme « hybride », c'est-à-dire à mi-chemin entre la BD franco-belge et le manga, dans la lignée des Légendaires ou de la Rose écarlate. Dans le sillon d’une jeune héroïne lapinifiée, on est propulsé dans une quête initiatique qui embrasse pas mal de poncifs. Pour le pitch : née super-douée pour le combat, Nini déjoue un complot et en profite pour découvrir une parenté extraordinaire et (donc) une destinée hors-norme, qui font d’elle l’« élue », ce qu’une indispensable tâche de naissance confirmera (les tests ADN n’ont pas cours dans le registre de la fantasy féodale). Etant donné que le style graphique et les procédés narratifs sont clairement d’obédience manga (à 200%), autant que le décorum soit celui du japon féodal, saupoudré de fantasy zoomorphique. Hormis ces aspects très consensuels, ce premier tome révèle plein de bonnes intentions et des talents évidents. Hélas, on a le sentiment que les (jeunes) auteurs se sont laissés emportés par leur enthousiasme et ont carrément chargé la barque. Le scénario est dense, au point d’être souvent bavard et le rythme pulse, au point d’être souvent étourdissant. De fait, malgré un sacré sens du cadrage et la recherche de perspectives intéressantes et/ou alambiquées, les scènes d’action sont très difficiles à lire, avec moult lignes de fuites, transparences, effets de mouvements… De même, les personnages sont souvent exubérants dans leurs réactions (les tronches déjantées dessinées en 3 coups de crayons, c’est rigolo de temps en temps, mais à force, c’est saoulant). Les traits sont approximatifs dans les finitions et surtout, surtout, la colorisation est archi-saturée, baveuse, floue… Quand on a l’occasion de voir la bande annonce de la série, un véritable dessin animé ultra punshy, incroyablement bien fait (ici), on comprend que le format BD en 2D soit étriqué pour ces talents qui mériteraient d’être un chouya canalisés…