L'histoire :
Dans un futur à moyen terme, ultra urbain, technologique et connecté, Halen Brenan est convoquée par Ratchead Kammer, représentante de la compagnie Stella, spécialisée dans le tourisme spatial. La jeune femme se présente à l’entrée de l’immense building habillée avec un look improbable des années 1980. Contre un gros chèque, Kammer lui confie la mission de retrouver le voleur qui a dérobé des documents importants dans le coffre de la compagnie – et d’en profiter pour le buter. Un premier rendez-vous lui est donné au comptoir d’un bar, pour enclencher son enquête. C’est ainsi que Halen fait la connaissance de Ghost, un « bleu » botoxé de partout, à la dernière mode. Ghost la conduit ensuite à la rencontre de Jean-Claude Belmondeau, le fameux voleur, qui roule en R16 au milieu d’une circulation dense de véhicules volants. Ce dernier est effectivement le voleur des documents, mais son braquage était mû par un certain sens de l’éthique… et Halen le comprend au moment où elle colle son flingue sur sa tempe. En revanche, Ghost est quelque peu plus retors…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme son titre l’indique, No future propose une vision totalement improbable d’un futur à long terme, largement inspiré de notre présent à court terme. Sous prétexte d’un braquage et d’une affaire d’espionnage industriel, Corbeyran et Jef s’en donnent à cœur joie pour exacerber et projeter les travers de notre société, selon une vision futuriste ultime. Et ce qui en ressort en premier, quand on ouvre cet épais one-shot de plus de 120 pages, c’est la partition visuelle : extrêmement chargée, mais inventive, avec des détails, des voitures volantes, des éléments de décor urbain, des hologrammes, des buildings, des tuyauteries, des turbopropulseurs ou des personnages habillés dans des looks du futurs dans tous les coins… Quel boulot de dingo ! Même si un léger effet de superposition /duplication numérique se fait par moment sentir, Jef dessine le futur avec une incroyable aisance, comme il respire. Cette partition visuelle est tellement éloquente, qu’elle en détourne régulièrement la concentration du lecteur pour l’intrigue… en réalité secondaire. Côté dialogues, on est dans le registre de la série B : ils sont nombreux, souvent dispensables, et balancés comme ça vient, avec des expressions et des références volontairement désuètes. La mission rocambolesque poursuivie par Halen Brenan et Jean-Claude Belmondeau (quel patronyme !) est surtout prétexte à cyber-punker nos années 80, à travers une vision futuriste délirante que ne renierait pas le Terry Gilliam de Brazil. Parti comme c’est parti, le futur va être bien moche, ma bonne dame.