L'histoire :
Elle raconte comment elle a adopté Olivier. Avec son mari, qui était encore vivant à l’époque, ils avaient déjà trois enfants. Elle participait en même temps à une association pour enfants abandonnés qui viennent du Vietnam et d’Afrique. Elle est d’autant plus sensibilisée à ce sujet qu’elle est elle-même professeure. Alors, ils décident d’adopter un autre enfant. Cela prend beaucoup de temps mais au bout de quelques années, Olivier arrive. Il est d’origine coréenne et ne sait rien de sa famille biologique. Plus tard, il se rend dans son pays d’origine. Il recherche alors des traces de sa famille première, mais ne trouve rien. Il ne relâche pas ses efforts et cherche pendant longtemps. Une simple différence physique permet le miracle. Il a en effet un petit trou sur le cartilage de l’oreille, une anomalie de naissance très rare. C’est son frère biologique qui lui a envoyé une question justement sur cette particularité physique. Cette fois-ci, c’est bien sa famille biologique qu’il retrouve. Mais comment va-t-il vivre avec cette révélation ? Comment sa famille adoptive va également passer ce cap ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jung, déjà auteur de Couleur de peau Miel, n’en a pas tout à fait fini avec le thème de l’adoption. Pour la première fois, il s’adjoint une scénariste, Laetitia Marty. Elle même coréenne adoptée en France, elle a également beaucoup de choses à transmettre sur ce thème fort. L’album raconte trois histoires de familles qui ont adopté des enfants coréens. A la différence de Couleur de peau Miel, cette fois, on ne s’intéresse presque plus à la famille d’adoption, mais aux parents biologiques des enfants adoptés. Les grands absents des albums de Jung ont dorénavant une place importante dans ces témoignages de vie. Ce choix fort change toutes les perspectives de l’adoption. Car, comme il est dit souvent ici, une adoption c’est un acte où des personnes s adoptent mutuellement avec leur histoire passée commune. On voit ainsi les efforts que font les familles françaises pour retrouver les parents coréens qui ont souvent été contraints d’abandonner la chair de leur chair. Comme Couleur de peau Miel, le ton est plein de sensibilité, à fleur de peau. Le sujet est si délicatement traité que l’émotion affleure à chaque page. Ce sentiment s’intensifie quand on lit les lettres réelles de certaines familles en fin de volume. Moins caustique et ironique que l’écriture de Jung, le texte de Marty est brut de sensibilité pure. Elle va droit au but, comme pour mieux décrire justement les liens simples et profonds des familles biologiques et recomposées. Ce pont entre deux familles et deux cultures complète merveilleusement les thèmes abordés par Jung sur ses albums précédents. Comme dans Babybox, Jung utilise un style graphique plus réaliste avec une mise en couleur sépia proche de Couleur de peau miel. Les passages symboliques sont superbes et complètent avec poésie les beaux textes de Marty. On aime moins malgré tout quand Jung tente de dessiner les visages de façon réaliste. Une belle union entre deux auteurs, néanmoins, à l’image des familles décomposées qui se retrouvent.
