L'histoire :
Jung se balade en Corée et à chaque fois, c’est la même chose. La chaleur est intenable et le mot « canicule » qu’on utilise pour l’Europe n’est rien comparé à la fournaise qu’il fait là-bas au mois de juillet. Sortir dès le matin est une souffrance, car l’asphalte est encore chaud de la chaleur de la veille. On suffoque aussi avec les pots d’échappement. Les ajumma qui préparent les beignets ou autres en sauce ou en friture sont héroïques avec un temps pareil ! Comment font les Coréens pour marcher sous ce soleil de plomb en costume ou habits élégants ? En tout cas, Jung, lui, ne tient pas bien longtemps dehors. Et ce n’est pas que le piment qu’il aime à accompagner avec ses plats. Du coup, pour fuir la chaleur, il court en plein cagnard. Il court jusqu’à trouver un endroit climatisé avec du frais, voire même du glacé. Les stations de métro sont l’endroit idéal pour mieux respirer. C’est aussi une preuve que la Corée est immense. Il se demande bien comment des enfants abandonnés ont réussi à retrouver leurs parents dans cette immensité…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le voyage intérieur de Jung sur l’adoption des enfants coréens (qui correspond aussi à son propre parcours) est loin d’être terminé. Ce sera sûrement l'axe central de sa vie, d’ailleurs. Le tome 2 de Nos adoptions reprend le même fonctionnement. Des mini histoires de vies où les parents coréens qui ont dû abandonner leurs enfants ont la parole. Une parole déchirante et d’une sensibilité rare. Le style de Laetitia Marty et de Jung est pourtant on ne peut plus simple, mais le sujet se suffit à lui-même. Les témoignages sont d’une beauté exceptionnelle, à l’image de la dernière saynète sur « Eomma », si chargée d’émotions qu’elle en devient presque insoutenable. Les mêmes mots se répètent à l’envi : émotion, déchirement, abandon, amour, vide, penser… Même les situations sont finalement très proches, mais elles restent uniques par leur force émotive. Le thème de l’abandon et de l’adoption est bien sûr chargé en pathos, mais cette série va plus loin. Car elle interroge aussi l’amour filial au sens large, évoque les relations brisées en famille et le besoin irrépressible d’avoir auprès de soi le sang de son sang. Les lettres authentiques qui accompagnent la fin du volume montrent bien à quel point on touche au cœur du sujet de la famille et de l’amour. Le dessin de Jung, tout en retenue, joue sur la symbolique des arbres et du déracinement, de l’ombre opaque et des visages inconnus. Plus beau et plus juste que le premier tome, le visuel renforce cette haute dose de sensibilité. A lire pour ne jamais oublier à quel point les parents sont les plus importants.