L'histoire :
Une épidémie de peste ravage l'Europe et atteint son paroxysme en 1348. Les hommes et les femmes périssent tous, sans exception, semble-t-il. Mais le père Swift se réveille sur son lit, le visage gris aux couleurs de la mort. Et il réalise que la vie a, de toute évidence, repris son cours. Le village est désormais peuplé de zombies, qui semblent constituer une nouvelle déclinaison de l'espèce humaine décimée. De l'autre côté de l'océan, les Inkas ont réussi à installer leur domination sur les Lakutas et les Aztèques, et assumer leur influence, aux côtés d'un dynastie Han d'origine chinoise. Les peuples sont appelés à se réunir à la demande du Sapa Inka, pour que leurs chefs prennent connaissance d'une information capitale. A bord de leurs bateaux dirigeables, les dignitaires se rejoignent pour voir de leurs yeux la réalité de la rumeur qui courait. Des hommes qui ont traversé l'océan près de cinq cents ans plus tôt sont toujours là, prisonniers dans leurs cages, hirsutes, dégénérés mais vivants. Au delà de la mer, à l'Est des terres habitées, doit exister une fontaine de jouvence. Nous sommes sur le continent américain au cœur du XIXème siècle, et le plus haut dignitaire Inka veut en savoir davantage...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste croate Darko Macan, prolifique aussi bien dans son pays d'origine que sur le marché US, a trouvé en Igor Kordey un partenaire rêvé pour une tétralogie totalement inattendue, qui navigue entre uchronie historique et récit d'anticipation sur fond de zombies. Le dessinateur le plus productif du monde pourrait-on dire, tant il enchaîne à un rythme effréné de multiples séries, ne renonce toujours pas à son exigence graphique. Le souci du détail est toujours obsessionnel, aussi bien dans les visages des premiers zombies à la peau grise, que dans les nervures de la coque des bateaux volants des Inkas. Ce premier épisode nous offre plusieurs chocs aussi bien scénaristiques que visuels, chaque nouvelle dimension de l'univers de Macan étant inattendue, mais palpable. Kordey a ce côté charnel qui rappelle Richard Corben, dessinateur américain dont les femmes exagérément plantureuses ont fait fantasmer les lecteurs de comics des années 70. Sans être jamais parfaitement réalistes, les gueules de Kordey sont pourtant réelles, pleines de vie et d'énergie. Les couleurs de Yana, chatoyantes à souhait en pays Inka et Aztèque, apportent une touche supplémentaire à cette aventure qui décoiffe littéralement. Il est bien trop tôt pour savoir si les auteurs vont tenir la durée, mais cette première incursion est surprenante, déjantée et culottée. Les confrontations décalées que les auteurs mettent en scène entre peuples éloignés et époques différentes sont absolument improbables, mais très enthousiasmantes. Le tout sur un ton de série B incorrect et réjouissant. Un très bon départ, donc.