L'histoire :
Eté 1976, c’est la canicule. Un train en provenance de Strasbourg entre en gare. A son bord, un homme avec une longue chevelure blonde et vêtu d’un costume blanc. Au bar du village, il demande à une tablée de jeunes parisiens où se situe le cimetière. C’est le jour des obsèques de Marcel, le père de Sylvia et de Marie. Alors que l’inhumation touche à sa fin, le dandy de blanc vêtu, que presque personne ne reconnaît, se joint à la famille qui pleure son défunt. Seule Sylvia a identifié Klaus, un cousin éloigné qui vit en Allemagne et dont son père semblait très proche. A peine la cérémonie terminée, Max Plume, le mari de Sylvia, abandonne sa femme et sa fille sous prétexte de rejoindre ses camarades ouvriers de l’usine. Ce délégué syndical s’est compromis, il a accepté le marché que lui a proposé le directeur de l’usine : établir une liste de 20 noms à licencier contre une valise de billets. Pendant ce temps, au bistrot, les rumeurs vont bon train sur les meurtres d’enfants qui agitent la région…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir planté le décor avec une atmosphère plombée par la canicule, un contexte social difficile à la fin des Trente Glorieuses et des disparitions d’enfants qui hantent la région, la conclusion de ce dytique prend une tournure encore plus dramatique. Chacune des histoires, individuelles ou collectives, imbriquées les unes dans les autres, va connaître une issue plus ou moins sombre, voire tragique. Les idéaux de chacun vacillent sous cette canicule et la vie s’emballe jusqu’à l’orage : Max Plume, syndicaliste corrompu par sa direction a renié ses principes ; Sylvia et Marie apprennent que leur père avait une double vie ; au contact de la petite Luce, Claude, arrivé à un âge charnière, fait un bilan sur sa vie et prend conscience qu’il n’est pas pleinement comblé. L’idée est originale, intéressante, mais elle laisse un goût d’inachevé sur certaines destinées des personnages, ne sachant pas toujours où souhaitent nous entraîner les auteurs. Cette chronique familiale en milieu ouvrier est bien inscrite dans son époque, grâce à des décors « vintage » très fidèles aux 70’s (les R16 ou DS, les estafettes de gendarmerie, les rouflaquettes, les pantalons pattes d’eph, etc.) ou des événements marquants de l’époque (référence à l’affaire Ranucci, débat sur la peine de mort...). Le dessin réaliste de Raphaël Gauthey est très original, abouti, avec ses couleurs éblouissantes : il dynamise le scénario de Cédric Rassat. Proche de l’illustration, voire de la photo, sa patte graphique talentueuse est sans pareil et sans conteste l’atout numéro un de ce diptyque.
