L'histoire :
Il était une fois un petit martien qui s’écrase sur terre, avec sa soucoupe volante, au temps des dinosaures. Sa navette cassée, le voilà coincé. Il l’emporte à l’aide de sa langue (parce que, malgré ses bras, il attrape tout avec sa langue) et entreprend l’exploration de ce monde particulièrement hostile. Doté de la fabuleuse faculté de se dédoubler, il emprunte parallèlement toute une multitude de choix. Certains le conduisent à mourir écrabouillé par un éboulis, ou bouffé par un dino, d’autres lui permettent d’avancer, de se débarrasser de cette soucoupe qui lui colle à la langue, d’éviter les pièges de cette préhistoire bourrée de dangers et, finalement, de vivre mille aventures tout au long de la longue frise du temps. Il croise ainsi les premiers hommes, contribue à la construction des monuments antiques, participe à une Odyssée mythologique, survit aux jeux du cirque et aux invasions barbares. Puis il part à l’exploration de la planète à travers les océans : Amériques, île de Pâques, civilisations orientales… jusqu’à nos jours où un fabuleux concours de circonstances lui permet de…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Décidément, Lewis Trondeim ne fait pas de la BD comme les autres. Comme son nom l’indique (partiellement), cet ouvrage se présente comme un nouvel OVNI dans le monde du neuvième art. Il s’agit en effet d’un seul et même dessin, tout en largeur, réparti sur 23 doubles planches qui représenteraient, une fois étalées, une case de 9,66 mètres de long ! Evidemment, cette astuce graphique se prête admirablement bien à une frise de temps. Dans un silence dénué de tout phylactère, vos yeux suivent le petit martien héros au grès de ses choix (et de les vôtres), traversant séquence après séquence les épisodes emblématiques de l’Histoire des civilisations. Saurez-vous trouver la bonne voie, celle qui lui permet au final de s’en sortir ? Car entre temps, le martien meurt des centaines de fois, piétiné, carbonisé, déchiqueté, bref en général au beau milieu d’une jolie flaque de sang. Trondheim avait déjà utilisé ce cynisme cruel, néanmoins hilarant et tout public, dans les aventures de Monsieur i et de Monsieur o. Ici, Fabrice Parme est aux palettes informatiques (avec Véronique Dreher), sur le même style cartoonesque que pour le Roi catastrophe, l’autre série qu’il réalise avec Trondheim. Un petit délire inventif et facétieux, qui ravira les amateurs.