L'histoire :
Le vernissage : Guy Delisle est à l’étranger, dans ce qu’il croit être un festival. Or il s’aperçoit que le vernissage de l’exposition auquel il participe n’est consacré qu’à son œuvre à lui… et qu’il est entièrement financé par un petit libraire totalement fan. L’homme s’est même tellement endetté pour cela que sa femme en est folle…
Le choix du sujet : Dans une gigantesque caverne préhistorique, une femme avance à tâtons. Elle est tellement paumée qu’elle imagine déjà qu’elle va se laisser mourir là. Lorsque soudain, une lueur surgit de son ventre. Cette lueur attire jusqu’à elle un homme perdu dans ce dédale, dans les mêmes circonstances. Ils se présentent l’un à l’autre : Claude et Gova. Claude persuade Gova qu’il va rester avec elle parce qu’il l’aime. Il l’emmène jusque chez lui…
Exponentiel : Un type s’arrête chez un brocanteur minable, au bord d’une interminable route des grandes plaines américaines. Un frigo géant est à vendre. Il l’achète et le charge dans son pick-up. Une fois chez lui, il le branche et y dépose heureux son premier aliment : une tomate. Or à peine fait-il cela que le frigo l’aspire dans une lumière crue… puis le recrache quelques secondes plus tard après l’avoir bien secoué à l’intérieur. L’homme constate alors que désormais, il y a deux tomates…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le collectif d’auteurs que Lewis Trondheim a casté pour ce 4ème recueil de Papier tourneboule la thématique de… (tadaaaa…) : l’œuvre d’art ! L’avantage de ce sujet est qu’il offre un vaste champ d’applications, surtout lorsqu’on l’aborde au sens large ou par des biais détournés. Comme d’habitude, certains tirent vraiment leur épingle du jeu de cet exercice. Comme par exemple le duo Grégory Panaccione et Julien Frey (en convoquant à deux reprises le fantastique : leur frigo magique et la chaise qui tue) ; le brésilien Rafael Correa et son robot ; Oriane Lassus, son relativisme malin et son découpage torturé (mais pas inintéressant). Quelques autres noient leur respect du sujet sous des couches d’hermétisme… Ainsi Fortu, dont les deux récits courts peinent à faire croire qu’ils cernent effectivement l’art ; ou Martin Sztajman avec ses strips absconds en gros pixels ; voire Roman Muradov et sa question plus de 30 fois ressassée « Est-ce que c’est de l’art ? ». Ou encore le québécois Francis Desharnais et sa case unique photocopiée avec des dialogues dont on ne comprend rien. L’histoire de Dominique Mermoux est quant à elle mi-figue mi-raisin : elle nous happe littéralement par sa construction, mais on ne voit pas trop le rapport avec la thématique. Enfin, un auteur inconnu au bataillon, le français Florent Sacré, narre une histoire muette emprunte de poésie avec un… sacré (huhuhu) talent pour les ambiances. On espère bientôt le voir s’atteler à des récits plus ambitieux.
