L'histoire :
Ils s’appellent Franck, Hicham, Vince, Alice, etc. Ils ont la trentaine et habitent le centre de Paris. Lorsqu’ils prennent un verre à la terrasse d’un café parisien – sur le trottoir, en fait – c’est pour souligner combien la vie dans la capitale française est « boring ». Paris plage ? Complètement « has been ». Pire : provincial ! Un nouveau bar qui ouvre ? Trop nul, il ne vend que du vin. Arrêter de fumer ? Trop banal. Le nouvel IPhone ? Un « must have ». Et pourtant, malgré tous les torts qu’ils trouvent à la capitale, derrière leurs airs désabusés, ils ne quitteraient la capitale pour rien au monde. Sortir des arrondissements chics et branchés serait déjà une grave faute de goût, inenvisageable…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis les attentats du 13 novembre 2015, il est devenu plus « touchy » de dire du mal de Paris et de ses habitants. A tort ou plutôt à raison, nous sommes toutes et tous devenus parisiens ce jour-là. Mais cet album a été achevé d’imprimer en août 2015. Il décrit un quotidien d’avant la psychose intégriste. Et c’est en ex-parisien décomplexé que j’en parlerai. Parisiens chéris se lit comme une suite de gags d’une à plusieurs planches, ordonnés chronologiquement à dessein, jusqu’au comble du trentenaire parisien : le mariage. Page après page, on y découvre ou redécouvre, avec un œil amusé ou circonspect, les travers de la vie privée quotidienne de la nouvelle faune dite « bobo » qui peuple la capitale. Tenues vestimentaires toujours stylées de taille ultra-slim, répliques mondaines voire snobs, préoccupations légères et nombrilistes, etc. Tout participe d’une dimension caricaturale pourtant pas si éloignée d’une certaine réalité. Somme toute, selon l’adage « qui aime bien châtie bien », Caroline Rochet et Cathy Karsenty ont pris le parti d’être vraies et cruelles avec leurs personnages. Les problèmes existentiels de ces privilégiés – puisque habiter le centre de Paris est aujourd’hui une preuve d’aisance – frôlent parfois l’indécence. Mais lorsqu’on les découvre à mille sur une pelouse de la taille de votre jardin – j’exagère à peine – on ressentirait presque de la compassion pour ces prisonniers d’un art de vivre incompréhensible aux non-initiés. La bouche en cœur la plupart du temps, adoptant une pause la plus cool possible, il y a peu à parier que ces Parisiens deviennent vos chéris. Néanmoins si l’humour vous en dit…
