L'histoire :
Septembre 1990. Laura arrive dans son nouveau collège, moche, gris. Elle ne connaît personne. C’est bruyant, les élèves sont dissipés, agressifs. Perdue, atterrée, elle fait la connaissance d’une jeune métis, Claudia. Elles sont ensemble en 5èmee C avec Mme Brochard, que les élèves appellent « Prozac », une prof de Français proche de la retraite et dépressive. En classe, une jeune fille délurée, Karine, fille de témoins de Jéhovah mais dure et dévergondée, s’amuse à jeter des tampons mouillés d’encre rouge au tableau. Avec Claudia et son ami Abdel, Laura passe un bon moment pendant la récréation, les deux compères lui faisant une démonstration de danse sur Technotronic. Ce bon moment est gâché au moment où une jeune fille, grande et maladroite, est prise à partie par des élèves et proprement tabassée. Laura est choquée, mais ses nouveaux amis lui conseillent de faire comme si elle n’avait rien vu. D’ailleurs, Claudia lui conseille de ne jamais se faire remarquer… C’est pourtant ce qui va arriver puisque, quand « Prozac » rend les copies du devoir qu’elle a infligé à la classe pour punition du comportement de Karine, « racontez vos vacances », elle remet un 16/20 à Laura en la félicitant pour son devoir et ses vacances naturistes. La jeune devient alors un objet de curiosité malsaine et de détestation pour son bon niveau…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La petite Laura a beaucoup de choses à gérer. Elle qui n’était pas très à l’aise au camp naturiste, elle a réussi à se détendre. Elle a navigué tout l’été dans un milieu complètement cosmopolite, bienveillant, où les gens pensent à leur prochain, à la Terre. Elle a senti son corps changer, elle en a eu honte, elle n’a pas bien su le gérer, mais ce n’était rien comparé à ce qui l’attend au collège. Bêtise, méchanceté, haine de l’intelligence et de la différence, Elise Griffon prend un malin plaisir à faire vivre à son héroïne d’énormes contradictions entre les vacances et le monde « réel ». Là-bas, elle pouvait être elle-même. Ici, c’est carapace en titane ou la mort… Cette chronique adolescente est noire et dure, mais elle est aussi pleine d’espoir dans l’être humain et sa capacité à prendre le beau et le bon. Le trait d’Elise Griffon, basique, simple, vient en soutient d’une histoire complexe, toute en nuance, mais facile et agréable à lire. Après Salaire Net et Monde de Brutes, Griffon, en solo cette fois, fait à nouveau appel au cœur et à l’intelligence de ses lecteurs. Alors que le sujet est délicat, l’histoire se lit avec un petit sourire en coin, le sourire de l’espoir dans l’humanité.