L'histoire :
Francisco Torres, jeune dessinateur espagnol, enfourche à 4h du matin son side-car et quitte Bordeaux direction Vallauris à coté de Cannes. Le jeune homme enchaîne les kilomètres vers un mystérieux commanditaire. Torres repense en chemin au coup de téléphone de son éditeur, un matin, pour lui dire qu’un homme du nom de Ruiz souhaitait le rencontrer pour un projet de bande dessinée... sans en dire plus. Une fois devant la villa, Francisco se renseigne auprès de deux hommes qui ont la tête sous le capot d’une berline, affairés à réparer le moteur. Sans se retourner les deux hommes mentionnent que monsieur Ruiz est très vieux et qu’il se repose. Le jeune espagnol confus se présente comme dessinateur, que monsieur Ruiz l’a invité aujourd’hui et que son nom d’auteur est Marcel. L’un des deux hommes se retourne alors. En une fraction de seconde, Francisco n’en revient pas. Il reconnait le grand Pablo Ruiz Picasso. Le maître du cubisme explique à Francisco qu’à travers la bande dessinée, il souhaite revenir dans le passé, durant la guerre civile espagnole, pour avoir 25 ans, brandir un fusil et tirer une balle sur Franco...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’auteur espagnol Daniel Torres nous dupe avec une histoire documentaire extrêmement réaliste et bien menée. Depuis la rencontre à Vallauris, jusqu’au rendu des planches à Pablo Picasso, l’histoire se déroule et se lie merveilleusement bien. De l’émerveillement à la frustration, les deux artistes devront se confronter, se comprendre, afin de transcrire l’idée directrice du maestro sur des planches. Le jeune dessinateur devra faire front au volcan andalou, afin de l’initier à l’art de la bande dessinée. Les deux personnages principaux sont attachants et sont comme l’eau et le feu. Picasso est décrit comme un homme bouillonnant ayant peur de la mort et s’attachant à des objets venant de personnes plus jeunes, pour rester jeune. L’artiste est tourmenté et se positionne en professeur de vie pour son nouvel élève. Ce dernier ne demande que ça. Graphiquement, l’ouvrage est très joli, avec un trait réaliste détaillé, en noir et blanc, rehaussé par un lavis de gris. Chose surprenante : une partie de l’album représente les planches de la bande dessinées de Torres, des planches de bande dessinée dans des planches de bande dessinées, façon Inception. Le rendu est plutôt réussi. Finalement, nous aimerions croire que cette histoire documentaire scénarisée a vraiment eu lieu...