L'histoire :
Au Bénin, un haut fonctionnaire reçoit Mr Wu, le représentant d’un armateur chinois. Le fonctionnaire explique qu’il a entre autres pour rôle de gérer au mieux les richesses de la mer en vendant des licences de pêche à des entreprises de la région, mais surtout à des acteurs européens et asiatiques. La pêche artisanale ne suffisant plus, les revenus des licences sont censés permettre au pays de développer une flotte, de former des marins et de construire des infrastructures portuaires. Ça, c’est la théorie, car la pratique est beaucoup plus complexe. Son souci, c’est que les armateurs étrangers ne respectent pas les lois. Ils pêchent plus que leurs quotas et leurs chaluts ne sont pas sélectifs. Des milliers de poissons meurent pour rien. Or le Bénin est un petit pays qui n’a pas les moyens de faire respecter les lois en mer. Les stocks de poissons s’effondrent, les mers se vident...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce docufiction en BD, Maxime de Lisle, qui a passé de nombreux mois à bord des navires de l'ONG Sea Shepherd, nous alerte sur une triste réalité : les effets délétères de la surpêche en Afrique de l’Ouest. Que ce soit la pêche illégale et même légale, elle a des conséquences catastrophiques sur l’ensemble d’un écosystème maritime extrêmement fragilisé. Au-delà du désastre écologique, les autres victimes de ce pillage des ressources halieutiques sont les petits pêcheurs locaux qui n’arrivent plus à subvenir aux besoins de la population locale. L’auteur explique que pour subvenir à leurs besoins, certains de ces petits pêcheurs sont contraints de migrer en Europe ou de rejoindre des groupes de pirates qui ne sont pas des Robins des bois. Il évoque également la condition de certains matelots presque réduits à de l’esclavage sur certains bâtiments de pêche. Maxime de Lisle pointe également le manque de moyens pour ces pays de l’Afrique de l’Ouest pour faire respecter les lois. Cet ouvrage alterne des parties de fiction – comme la corruption d’un fonctionnaire par un armateur chinois ou une attaque de pirate à bord de l’Ocean Defender – et des planches beaucoup plus documentées avec des chiffres à l’appui. Cet album militant et engagé donne une vision assez globale et vaste du problème. La narration est fluide et plaisante.